L'affaire de l'or d'Andorre – si l'on peut l'appeler ainsi – que nous révélons aujourd'hui inspirera-t-elle un jour un film ? En tout cas, cette histoire de filouterie savamment mise en œuvre entre sud-ouest et Andorre pendant des mois par un petit groupe recèle tous les ressorts pour bâtir un excellent scénario sur cette inextinguible soif de l'or qui habite les hommes depuis l'Antiquité. « Le feu éprouve l'or, et l'or éprouve l'homme », avait déjà écrit le philosophe grec Chilon de Sparte.
À l'heure du trading à haute fréquence, des cyber-arnaques et des crypto-monnaies, certains préfèrent, d'évidence, trouver leur eldorado en restant dans le classique d'une ruée vers l'or sonnante et trébuchante, matinée de quelques tours de passe-passe.
Une ruée compliquée à mettre en œuvre, qui joue sur le temps long, mais qui est, évidemment, toujours lucrative puisque l'or reste au fil des époques la valeur refuge des temps de crise. Boudé par les investisseurs dans les années 80, il est revenu en grâce depuis la crise de 2008. Et depuis une année, le cours de l'or n'a cessé de grimper : +35 % en un an ! L'once d'or a ainsi atteint son plus haut niveau depuis 2013 en dépassant la barre des 1 500 dollars. De quoi aiguiser les appétits légaux – comme le projet de la Montagne d'or en Guyane, désormais retoqué par le gouvernement – ou illégaux…
Mais l'arnaque de l'or d'Andorre, qui fait découvrir à la plupart d'entre nous les « orpailleurs de sablière », met en lumière un niveau de contrôle – de la part de l'Etat comme des industriels – visiblement insuffisant pour s'assurer de la parfaite légalité de ces activités. La justice devra en déterminer les tenants et aboutissants et l'Etat en tirer réflexion pour mieux sécuriser et encadrer l'orpaillage.
(Editorial publié dans La Dépêche du Midi du vendredi 30 août 2019)