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Espoir

cancer


Pour faire progresser une cause, faire connaître une injustice, porter un combat légitime, il est souvent nécessaire qu'il y ait une incarnation, une figure, un homme ou une femme qui personnifie le sujet qu'il porte au nom de tous les siens. José Bové et la malbouffe, Asia Argento et les violences sexuelles faites aux femmes après l'affaire Weinstein, Jean-Luc Roméro et le droit de mourir dans la dignité, Christiane Taubira et le mariage pour tous, Robert Badinter et l'abolition de la peine de mort. Il est peut-être présomptueux – car le sujet touche là au plus intime de la nature humaine – de mettre dans cette liste Bernard Tapie, mais le choix de l'ancien homme d'affaires de médiatiser son cancer permet de lever un peu plus la chappe de plomb qui, longtemps, a oppressé – et parfois oppresse encore – les malades et leurs familles.

Quoi que l'on pense du personnage – ses excès, ses coups de gueule, son bagout, ses outrances ses arrangements avec la vérité – nul ne peut nier le courage et la détermination dont fait preuve depuis plusieurs mois Bernard Tapie pour venir à bout de son cancer. Dès le départ, l'ex-patron de l'OM n'a pas cherché à dissimuler son état, assumant crânement les cheveux blancs, la voix qui se casse, la fatigue lancinante, le teint terne. Tapie le battant n'envisageait pas de ne pas se battre. Et, partant, en toisant sa maladie, c'est un message qu'il envoyait à la société comme aux malades. Face au cancer, ne pas laisser tomber, ne pas battre en retraite, ne pas se cacher, ne pas susciter pitié mais revendiquer pleinement le statut de citoyen, c'est-à-dire d'homme dans la cité en pleine possession de ses moyens intellectuels. Ce que réclament aussi les associations qui accompagnent au jour le jour les malades et leurs familles et qui demandent à la société d'ouvrir les yeux sur la réalité des malades.

Le second message que l'histoire de Bernard Tapie nous transmet, c'est que l'on peut avoir foi en la science. À l'Oncopole de Toulouse comme à l'ICM de Montpellier, à Marseille ou à Paris, dans des laboratoires français, européens ou américains, la recherche avance. Pour qui est frappé d'un cancer ou dont un membre de la famille est affecté, cela ne va sans doute pas assez vite, mais les progrès sont considérables, de nouvelles pistes de recherche sont explorées, l'intelligence artificielle ouvre de nouvelles voies. Toutes sont porteuses de l'espoir de la guérison.

(Editorial publié dans La Dépêche du Midi du jeudi 22

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