Une élection présidentielle réputée imperdable et finalement perdue dans les affres d'une affaire Fillon qui a décrédibilisé l'ensemble du parti ; des lignes politiques divergentes pour ne pas dire irréconciliables qui ont conduit au départ de nombreux ténors soit vers Emmanuel Macron comme supplétifs d'En Marche, soit vers des ambitions plus solitaires ; des affaires judiciaires toujours pendantes avec un Nicolas Sarkozy devenu figure tutélaire d'une droite en pleine déconfiture ; une déroute aux élections européennes où le choix de l'ultraconservateur François-Xavier Bellamy n'a pas dépassé le buzz médiatique ; et pour finir la démission du très clivant Laurent Wauquiez aussi adepte de bullshit que d'une dérive très droitière, d'évidence inefficace.
Depuis 2017, Les Républicains n'en finissent pas de cumuler échecs et déconvenues, et en dépit de quelques initiatives isolées, notamment de jeunes élus, aucun travail de fond n'a été fait pour redéfinir ce qu'est la droite. « La maison brûle et nous regardons ailleurs » pourraient-ils dire en paraphrasant Jacques Chirac.
C'est dire si la prochaine élection du patron du parti, dans deux mois, doit être l'occasion d'entamer – enfin – l'indispensable chantier de la reconstruction qui a bien trop tardé. Car contrairement à ce que peuvent dire les Cassandre, il existe pour la droite un espace, étroit certes mais réel, entre La République en Marche et le Rassemblement national. Pour avancer sur cette ligne de crête et espérer un jour incarner l'alternance aux yeux des Français, il faut toutefois deux conditions : des idées et des hommes.
Des idées d'abord. Il s'agit de bâtir un programme clair, attractif, crédible, qui renoue sans doute avec ce que fut la droite populaire, tout en évitant de plagier le Rassemblement national. Les Républicains peuvent s'appuyer sur le vivier des élus locaux pour bâtir cette droite des territoires qu'incarne à sa façon Gérard Larcher, le madré président du Sénat.
Des hommes ensuite. À un an des municipales et trois de la présidentielle, il n'en manque certes pas dans un parti éclaté où exsudent des ambitions anciennes ou contrariées. Le futur président du parti, sans doute le plus petit dénominateur commun de ses différentes sensibilités, aura ainsi la lourde tâche d'opérer le rassemblement, favoriser le renouvellement et empêcher le retour de cette guerre des chefs si mortelle pour la droite.
(Commentaire publié dans La Dépêche du Midi du mercredi 14 août 2019)