Image satellite de la NASA |
Lorsque Jair Bolsonaro a pris la tête du Brésil le 1er janvier dernier, les défenseurs de l'environnement savaient à quoi s'en tenir avec ce président d'extrême droite qui affiche sans fard – comme Donald Trump son modèle – son climato-scepticisme. Sitôt en fonction, il a donc commencé à mettre en pratique son programme économique ultralibéral en donnant carte blanche pour l'exploitation de l'Amazonie. « C'est la région la plus riche du monde. Il y a moyen de l'exploiter de manière rationnelle », expliquait le nouveau président qui a fait opérer à son pays un virage à 180°.
Alors que depuis le Sommet de la Terre à Rio, en 1992, le pays apparaissait très « vert » et volontariste dans les négociations sur le climat, le voilà dans la position de destructeur du « poumon vert » de la planète, prêt à tout pour permettre l'exploitation agricole et minière des terres amérindiennes. Selon l'Institut national de recherche spatiale (INPE), la déforestation en juillet a été quasiment quatre fois supérieure qu'au même mois de 2018… Des chiffres évidemment remis en cause par Bolsonaro qui – ne rechignant jamais au déni, au mensonge et à la brutalité avec quiconque ne va pas dans son sens – a limogé illico le directeur de l'INPE puis accusé les ONG de provoquer les incendies « pour attirer l'attention contre (sa) personne, contre le gouvernement brésilien. »
Ces terribles incendies qui ravagent l'Amazonie depuis plusieurs jours – au point de noyer Sao Paulo dans un nuage de fumée noire à 3 000 km de distance ! – sont pourtant bien dus en grande partie au défrichement par les flammes effectué pour transformer les aires forestières en zones de cultures ou d'élevage, mais aussi, dans une moindre mesure, à la sécheresse qui touche le pays. La conjonction de ces deux facteurs, s'ils perdurent, fait que le poumon vert jouera de moins en moins son rôle d'absorbeur de CO2…
Lors du sommet mondial du développement durable, à Johannesburg, en 2002, Jacques Chirac avait déclaré « Notre maison brûle et nous regardons ailleurs. » Aujourd'hui, l'Amazonie brûle. Pour éviter l'asphyxie, nous avons le devoir de ne pas regarder ailleurs.
(Editorial publié dans La Dépêche du Midi du vendredi 23 août 2019)