L'installation de fermes d'éoliennes est l'un des dossiers typiques qui pourrait illustrer l'expression anglaise « not in my backyard », pas dans mon arrière-cour. Autrement dit, à l'heure où le réchauffement climatique est devenu une réalité, chacun comprend bien qu'il faut investir dans les énergies renouvelables pour préparer l'avenir et donc miser, entre autres, sur les éoliennes… mais à condition qu'elles soient installées chez le voisin !
Certes, nombre de communes, y compris en Occitanie, ont accueilli favorablement des parcs éoliens ces dernières années… et les retombées économiques pour les finances locales qui allaient avec. Mais très (trop ?) souvent, chaque installation donne lieu à des polémiques sans fins, parfois de bruyantes manifestations d'opposants et des recours en justice pour empêcher l'installation de ces immenses moulins blancs. Avec des arguments parfois très spécieux, comme l'atteinte au paysage ou le bruit, mais aussi de légitimes inquiétudes sur le devenir de ces installations lorsqu'elles arriveront en bout de course dans quelques années et sur la pérennité d'une énergie très largement subventionnée…
Dès lors, pas étonnant que la France, par rapport à certains de ses voisins européens, ait pris du retard dans l'installation d'éoliennes, qui pèsent donc toujours peu dans la production totale d'électricité.
Pour le gouvernement comme pour les décideurs locaux, il convient sans doute de prendre de la hauteur et de regarder toutes les possibilités pour faire évoluer le mix énergétique de la France sans braquer les Français… Si l'on reste dans l'éolien, les installations en mer semblent prometteuses. De même, de nouvelles technologies d'éoliennes, comme les mats vibrants sans pales de la société espagnole Vortex, peuvent répondre aux principales critiques des opposants. Mais réviser le mix énergétique français impose d'avoir plusieurs fers au feu et de miser aussi sur les bioénergies, le solaire photovoltaïque, la géothermie, les biocarburants ou encore l'hydroélectricité. Ce qu'a bien compris la région Occitanie qui veut devenir la première région à énergie positive d'Europe en 2050 en jouant sur toutes les énergies renouvelables.
(Editorial publié dans La Dépêche du Midi du lundi 12 août 2019)