Cette semaine dans les locaux de Météo-France à Toulouse, quelque 300 scientifiques du Groupe d'experts Intergouvernemental sur l'Évolution du Climat (GIEC) se sont réunis pour commencer à rédiger le volume 1 (les bases physiques) du prochain rapport d'évaluation qui sera rendu public en 2021. Un long travail d'analyse, de confrontation d'observations de la planète qui est fait méticuleusement depuis la création de cet organisme international en 1988. Mais le poids des mots, la multiplication des alertes lancées depuis 30 ans par le GIEC ne semblent pas déclencher la mobilisation mondiale qui serait pourtant cruciale pour infléchir le réchauffement climatique essentiellement dû aux activités humaines…
On aurait pu penser que le choc des photos ou des vidéos de catastrophes climatiques suffirait à engager une prise de conscience planétaire. Des ouragans toujours plus puissants, des sécheresses toujours plus arides, des épisodes de canicule toujours plus nombreux, des glaciers toujours plus en recul, des incendies toujours plus grands donnent à voir de spectaculaires images. Mais, là aussi, encore insuffisantes pour engager la mobilisation internationale.
Depuis l'accord de Paris sur le climat en 2015, rare moment de lucidité sur l'avenir écologique de la planète, les Etats – du moins ceux dont les dirigeants ne versent pas dans le déni climato-sceptique – semblent frappés d'aphasie, peinent à respecter leurs engagements. Les opinions publiques semblent enclines à la fatalité même si une partie d'entre elles, notamment les jeunes, marche pour le climat et appelle à agir.
Le déclic qui manque pour une mobilisation générale viendra peut-être dans les mois à venir lorsque le monde découvrira les témoignages de réfugiés climatiques. Le pré-rapport du GIEC sur les océans et les glaciers, qui a fuité cette semaine, estime qu'il y aura bientôt 280 millions de réfugiés climatiques, des hommes, femmes, enfants contraints de quitter leur maison engloutie par la montée des eaux. Une submersion qui concerne les littoraux de tous les continents, tous les pays, toutes les régions dont la nôtre. Ces témoignages seront peut-être le déclic pour qu'enfin le climat de la planète devienne la priorité n° 1.
(Editorial publié dans La Dépêche du Midi du samedi 31 août 2019)