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Sang-froid

feu
Photo : préfecture de l'Aude


Le terrible incendie qui ravageait une vaste partie de l'Aude près de Carcassonne depuis mercredi après-midi et qui, hier soir, a été maîtrisé, illustre combien ces feux estivaux nécessitent de sang-froid.

Sang-froid d'abord des pompiers et secouristes qui se mobilisent toujours rapidement face à des incendies qui peuvent se révéler imprévisibles et incontrôlables. Les esprits étroits diront que c'est là le risque du métier ; mais la réalité est que ces hommes et ces femmes – pompiers volontaires pour la majorité d'entre eux – tutoient le danger avec une expertise aiguë, reconnue d'ailleurs au-delà de nos frontières, un sens de l'abnégation et du service public exemplaire auxquels tous les Français doivent exprimer leur reconnaissance. Peut-être encore davantage cette année, puisque le 5 août dernier, l'un de ces soldats du feu, le pilote Franck Chesneau, a péri dans le crash de son Tracker en luttant contre un incendie dans le Gard.

Sang-froid ensuite des populations – particuliers, entreprises, élus locaux – victimes de ces incendies. Face à la progression parfois spectaculaire et rapide des flammes, les habitants des zones sinistrées suivent minutieusement les directives données par les pompiers et les autorités, évitant ainsi de céder à une panique qui serait légitime mais potentiellement lourde de conséquences en pertes humaines. Ces populations, qui parfois perdent tout, méritent aussi la solidarité de la nation lorsqu'il s'agit pour elles de reconstruire toute une vie.

Face à ces comportements exemplaires il y a hélas trop souvent des comportements irresponsables. Il y a certes d'un côté les pyromanes qui allument volontairement des feux. Contre ceux-là, la surveillance des massifs, les rondes préventives sont utiles mais ne peuvent hélas pas garantir le risque zéro. Mais il y a aussi le comportement de tous ceux, par étourderie ou méconnaissance, qui s'affranchissent d'élémentaires règles de prudence. Des règles qui sont pourtant répétées chaque été et depuis des années par les préfectures et les élus. Face à la fragilité de la nature, chaque citoyen se doit plus que jamais d'être vigilant et respectueux de consignes pensées pour éviter que nos beaux paysages ne se transforment pour des années en terres brûlées…

(Editorial publié dans La Dépêche du Midi du vendredi 16 août 2019)

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