En annonçant aux Français le 28 octobre le reconfinement du pays pour faire face à la deuxième vague de l’épidémie de Covid-19, Emmanuel Macron avait concédé aux Français "je sais la lassitude, cette impression d’un jour sans fin." Il ne croyait hélas pas si bien dire en évoquant le film éponyme où l’acteur Bill Murray revit sans cesse la même journée… Alors que, cahin-caha, les Français se préparent à fêter un Noël totalement inédit, entourant d’infinies précautions leurs réunions familiales et résolvant vaille que vaille le casse-tête d’un réveillon à six adultes maximum, voilà venu d’outre-Manche un bien mauvais "cadeau" qui nous renvoie aux débuts de l’épidémie : une mutation du coronavirus SARS-CoV-2.
L’information aurait pu être anodine car il est courant que les virus mutent et, depuis l’apparition il y a un an à Wuhan de celui qui a fait de 2020 une année infernale, le coronavirus a connu pas moins de 12 000 modifications. Sauf que cette fois, la nouvelle variante serait autrement plus coriace, à tel point que le Royaume-Uni a notifié à l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) que cette mutation, désormais "hors de contrôle", pourrait être plus contagieuse que les autres variantes du SARS-CoV-2…
Alors qu’elles se concentraient sur l’arrivée salvatrice des vaccins contre la Covid-19 et la façon d’organiser la très complexe logistique pour servir leurs populations, les capitales européennes – dont certaines sont sous pression d’une potentielle 3e vague – ont renoué ce week-end avec de nouvelles réunions de crise pour endiguer ce virus-bis, dont des cas ont été observés au Danemark et au Pays-Bas. Couper les ponts aériens ou ferroviaires avec une Angleterre par ailleurs embourbée dans la préparation du Brexit sera-t-il suffisant ? On sait que le virus ne connaît pas de frontières et, instruit de notre expérience passée avec le coronavirus, on se gardera bien de garantir que cette variante restera cantonnée outre-Manche. Peut-être est-elle même déjà massivement sur le continent puisque, selon l’OMS, la nouvelle souche britannique "pourrait aussi affecter l’efficacité de certaines méthodes de diagnostic".
On peut même frémir et se demander si elle pourrait résister aux vaccins… nous renvoyant alors à de nouveau confinements-déconfinements selon l’épuisante stratégie du stop-and-go. On n’en est pas encore là et on peut garder espoir. Le film "Un jour sans fin" se termine bien par un happy end…
(Editorial publié dans La Dépêche du Midi du lundi 21 décembre 2020)