Accéder au contenu principal

Un enjeu de société

 

senior

L’épidémie de Covid-19 a souligné ces derniers mois combien les seniors pouvaient être touchés par la crise sanitaire lorsqu’ils sont en Etablissement d’hébergement des personnes âgées dépendantes (Ehpad). Privés de visite de leur famille pour éviter les contaminations au coronavirus, contraints parfois de rester isolés des autres résidents en restant seuls dans leur chambre, et, hélas, parfois victimes de contaminations fulgurantes au sein de ces établissements. Dès lors, beaucoup de Français espèrent finir leurs vieux jours chez eux, à domicile, dans un environnement familier, riche de souvenirs et avec une plus grande liberté. Ce maintien à domicile est souhaité chaque fois un peu plus lors des enquêtes annuelles conduites par la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) du ministère des affaires sociales. Que ce soit pour un proche ou pour eux-mêmes, une majorité de Français opte pour un maintien à domicile. En mars 2019, 85 % des retraités interrogés par l’Ifop souhaitaient rester chez eux.

Mais le maintien à domicile représente un coût important dans les budgets des retraités, qui va croissant lorsque l’on passe du troisième âge, à 65 ans, à l’entrée dans le quatrième âge, à 85 ans, où l’on est beaucoup plus dépendant. Le premier baromètre réalisé par Retraite.com et Silver Alliance permet de mesurer combien le maintien à domicile peut être cher : passé un certain âge, il faudra, en effet, prévoir plus de 10 000 euros par an. Certains petits retraités ne peuvent donc l’envisager – un senior sur deux déclare être en difficulté financière – en dépit des diverses aides de l’Etat et des collectivités.

Dès lors, le maintien à domicile est un enjeu majeur de société qui impose d’imaginer de nouvelles organisations et de nouveaux financements. En 2019, le rapport Libault sur la concertation Grand âge et Autonomie tablait sur des besoins de financement respectivement de 6,2 et 9,2 milliards d’euros en 2024 et 2030…

Le 7 août dernier, une nouvelle branche de la sécurité sociale a donc été créée, un cinquième risque, celui de l’autonomie. Pour 2021, selon le budget de la Sécurité sociale 2021 adopté ce mois-ci, cette branche sera financée à hauteur de 2,5 milliards d’euros et, sur amendement du gouvernement, 150 millions d’euros en 2021 et 200 millions en 2022 vont être débloqués pour renforcer l’attractivité des métiers de l’aide à domicile. Un premier pas pour mettre en place les outils qui permettront aux aînés de bien vivre jusqu’au bout et qui maintiendront plus aisément les liens intergénérationnels que les Français – qui en ont parfois été privés ces derniers mois – plébiscitent.

(Editorial publié dans La Dépêche du Midi du samedi 26 décembre 2020)

Posts les plus consultés de ce blog

Moine-soldat

Dans le marathon de l’examen de la réforme des retraites à l’Assemblée nationale, le calendrier a marqué une pause ce jeudi à l’occasion de la niche parlementaire du Parti socialiste. Une pause mise à profit par le gouvernement pour aller sur le terrain défendre une réforme toujours massivement rejetée par 7 Français sur 10. À l’avant-veille de la quatrième journée de manifestation appelée par l’intersyndicale, Elisabeth Borne et Gérald Darmanin se sont ainsi rendus hier à Neuville-en-Ferrain, dans le Nord, Olivier Dussopt à Toulouse, où il a notamment rencontré six lecteurs de La Dépêche du Midi au siège de notre journal pour répondre à leurs questions et leurs inquiétudes. Celui qui enchaîne à un rythme soutenu les interviews dans les matinales et défend depuis lundi son texte devant une Assemblée nationale survoltée s’est montré tel qu’en lui-même : un moine-soldat de la macronie. Moine, parce que le ministre connaît sur le bout des doigts le catéchisme de la réforme, son dogme du r

L'indécence et la dignité

C’est sans doute parce qu’elle avait le souriant visage de l’enfance, cheveux blonds et yeux bleus, parce qu’elle aurait pu être notre fille ou notre nièce, notre petite sœur ou notre cousine, une camarade ou la petite voisine. C’est pour toutes ces raisons que le meurtre barbare de la petite Lola a ému à ce point la France. Voir le destin tragique de cette bientôt adolescente qui avait la vie devant elle basculer à 12 ans dans l’horreur inimaginable d’un crime gratuit a soulevé le cœur de chacune et chacun d’entre nous. Et nous avons tous pensé à ses parents, à sa famille, à ses proches, à ses camarades de classe, à leur incommensurable douleur que notre solidarité bienveillante réconfortera mais n’éteindra pas. Tous ? Non, hélas. Dans les heures qui ont suivi le drame, certains ont instrumentalisé de façon odieuse la mort de cette enfant pour une basse récupération politique au prétexte que la suspecte du meurtre était de nationalité étrangère et visée par une obligation de quitter l

Bien manger

C’est un petit logo qui nous est devenu familier lorsque nous faisons nos courses. Impulsé par un règlement européen (INCO) de 2014, établissant des règles pour informer les consommateurs sur la déclaration nutritionnelle ou la liste des ingrédients d’un produit, le Nutri-Score, ses cinq lettres de A à E et ses cinq couleurs de vert à rouge, est désormais bien ancré dans le paysage. De plus en plus présent sur le devant des emballages, on peut même dire que c’est un succès européen puisqu’il est présent non seulement en France, qui l’a introduit en 2017, mais également en Belgique, en Allemagne, au Luxembourg, aux Pays-Bas, en Espagne et même en Suisse, qui ne fait pourtant pas partie de l’Union européenne. Face à des étiquettes qui livrent la composition des produits écrite en tout petits caractères difficilement lisibles, certains consommateurs s’étaient déjà tournés vers des applications comme Yuka. Avec un smartphone, il suffit alors de scanner le code-barres d’un produit pour en a