La pandémie de Covid-19 aura profondément bouleversé le marché de l’immobilier comme le secteur du BTP. Certes, avant l’arrivée du coronavirus fin 2019, l’immobilier était déjà au ralenti depuis quelques mois avec notamment le durcissement des conditions de crédit, mais l’irruption de la pandémie l’avait stoppé net avec le brutal et totalement inédit confinement du printemps : chantiers de construction à l’arrêt, agences fermées faute de pouvoir organiser des visites, crédits immobiliers mis sur pause, etc. Le second confinement dont nous venons tout juste de sortir aura été beaucoup moins paralysant. Les états des lieux, les signatures de compromis et d’actes de vente ont pu se faire. Le marché immobilier a ainsi mieux résisté et on assiste à une stabilisation des prix dans les dix plus grandes villes de France.
Pour autant, on ne reviendra pas à la situation du monde d’avant car les deux confinements ont sensiblement modifié l’appréhension de l’immobilier par les Français. L’assignation à résidence pour freiner l’épidémie a fait cogiter tous ceux qui ne disposaient pas d’une agréable maison avec jardin mais d’un appartement trop exigu et parfois sans balcon. La possibilité du télétravail a permis à certains de se projeter ailleurs : dans une maison hors du centre-ville, voire dans ces villes moyennes longtemps victimes de l’exode vers les métropoles et aujourd’hui redécouvertes pour leur qualité de vie. De nouveaux critères émergent : selon un récent sondage pour le réseau de mandataire iad, les Français veulent un coin pour jardiner (95 %), un coin pour travailler (39 %) et un coin pour bricoler (25 %).
Ce nouvel état d’esprit pourrait ainsi remodeler le marché immobilier dans les mois à venir comme le montre le dernier indicateur Drimki/BVA des projets immobiliers. Les plus jeunes sont ainsi les plus nombreux à avoir un projet immobilier, suivis par les personnes ayant une situation professionnelle privilégiée ou plus stable. Sur le plan géographique, la part de personnes ayant un projet immobilier est plus importante dans l’agglomération parisienne où, d’évidence, l’envie de se mettre au vert est forte. Le changement de logement – la vente de son logement actuel pour en acheter un autre ou construire – est, quant à lui, de plus en plus considéré par les Français ayant un projet immobilier. Enfin, l’indice montre une hausse des projets d’achat d’un logement dans le but de le louer, autrement dit investir dans la pierre est toujours plébiscité.
Reste que la sortie de la pandémie pour l’immobilier s’accompagne toujours d’incertitudes en raison de la hausse du chômage dans les mois à venir, d’un nouveau durcissement de l’accès au crédit et de la tension immobilière dans certaines grandes villes. On n’est plus dans le monde d’avant l’épidémie, mais loin encore d’un monde d’après plus florissant…
(Editorial publié dans La Dépêche du Midi du lundi 7 décembre 2020)