La reconstitution dans l'affaire du meurtre d'Alexia Daval, qui a eu lieu hier matin, aura été déterminante. Son mari Jonathann, qui avait reconnu en janvier 2018 avoir tué son épouse trois mois plus tôt, a admis hier que c'était bien lui qui avait « procédé à la crémation partielle du corps » de sa femme. Devant les parents d'Alexia qui lui imploraient de dire toute la vérité, il a reconnu pour la première fois avoir brûlé le corps de la jeune femme, après « l'avoir battue et étranglée pendant quatre minutes ». Des aveux qui signent comme le dernier épisode d'une affaire qui a d'abord horrifié la France, puis intrigué les Français tant les rebondissements ont été nombreux entre le mari éploré aux obsèques d'Alexia et les revirements de celui-ci, qui accusa un temps ses beaux-parents et son beau-frère d'avoir joué un rôle dans ce meurtre.
Hier, une étape a été franchie dans l'affaire Daval, une vérité a fini par émerger, qui permettra aux parents d'Alexia d'entamer leur travail de deuil et, on l'espère, de retrouver l'apaisement après ces mois si éprouvants, qui ne seront définitivement clos qu'avec la tenue d'un procès d'assises dans quelque temps.
L'issue de cette reconstitution met aussi en lumière l'opiniâtreté, le professionnalisme et le sang froid des enquêteurs comme des magistrats. Le temps de la justice n'est pas – on le sait – celui de l'émotion et de l'opinion. Aux réseaux sociaux aux avis tranchés aussi expéditifs qu'adeptes de la loi du Talion, notre système judiciaire oppose le sérieux de procédures contradictoires, que l'on peut trouver très lentes – et qui sont certainement améliorables pour éviter de dépasser les délais raisonnables d'un jugement – mais qui sont essentielles à la bonne administration de la justice dans un Etat de droit. Ceux qui ont minutieusement travaillé sur l'affaire Daval, comme tous ceux qui travaillent sur d'autres affaires, pénales ou non, médiatiques ou non, montrent combien Victor Hugo avait raison lorsqu'il disait que « faire justice est bien ; rendre justice est mieux. »
(Editorial publié dans La Dépêche du Midi du mardi 18 juin 2019)