Lorsque l'on évoque la pollution, la première chose qui vient souvent à l'esprit, ce sont des rivières souillées par des déchets en plastique, des décharges sauvages aux multiples détritus, des plages où s'échouent nos déchets ménagers, ou encore d'anciens sites industriels dont les sols suintent encore de produits toxiques des années après l'arrêt de leur fonctionnement, etc. La pollution de l'air, elle, est beaucoup moins visible bien que tout aussi invasive. Au contraire des grandes mégalopoles comme Pékin, Sao Paulo ou parfois Londres, les épisodes de «smog» qui avalent les cités sont encore rares en France. Mais les effets de la pollution de l'air sur l'environnement ou la santé se font de plus en plus sentir : si 59 % des Français jugeaient la qualité de l'air bonne en France en 2018, c'était 10 points de moins qu'en 2017…
Car les choses sont en train de changer, notamment grâce à trois leviers. Le premier, c'est le travail méticuleux de mesure des pollutions réalisé par de nombreux organismes partout en France. Car pour mieux appréhender ce qui se voit mal, rien ne vaut la réalité de preuves scientifiques. Airparif dans la Capitale ou Atmo Occitanie dans notre région font ainsi un remarquable travail qui permet de mesurer au quotidien les émissions de polluants. Particules fines, oxyde d'azote, ozone présentes dans l'atmosphère font l'objet d'un suivi régulier essentiel et permettent ainsi de déterminer les zones les plus polluées, notamment par l'impact du trafic routier ou les pics de pollution qui imposent réglementairement aux autorités de réagir via des mesures de restriction de circulation, et poussent les collectivités à imaginer de nouveaux scénarios de transports ou d'aménagements urbains pour réduire la pollution de l'air.
Le second levier consiste en une meilleure information du grand public. Les organismes de mesures ont très tôt compris l'intérêt de souscrire à la démarche d'ouverture de leurs données. Sites web ou applications pour smartphone, ou encore capteurs domotiques permettent ainsi de proposer aux Français une météo de l'air en temps réel qui permet de savoir s'il est opportun ou pas d'aller faire son footing à l'extérieur ou de se promener avec ses enfants, et si l'on a le droit ou non d'utiliser sa voiture.
Cette bonne information participe, enfin, au troisième levier du changement de vision sur la pollution de l'air : un appel à lutter contre ce fléau qui cause la mort de plusieurs milliers de Français chaque année. Les différentes marches pour le climat et les pétitions comme celle de l'Affaire du siècle illustrent ce changement profond des mentalités. L'épisode caniculaire de cette semaine qui agit comme un booster de la pollution atmosphérique, tout comme la décision de justice reconnaissant la «faute» de l'état à l'égard d'une mère et de sa fille qui vivaient près du périphérique parisien ne disent qu'une chose : il faut agir, maintenant.
(Editorial publié dans La Dépêche du Midi du mercredi 26 juin 2019)