Voilà un type de courbe que l’on n’avait pas vu depuis longtemps concernant le Covid-19 : une hausse, celle du nouveau variant du coronavirus EG.5. Baptisé Eris, ce cousin d’Omicron croît de façon vertigineuse dans le séquençage de cas positifs au Covid-19 en France comme dans d’autres pays. Beaucoup plus contagieux que ses prédécesseurs, Eris pourrait ainsi s’imposer et devenir majoritaire. Au point de relancer une pandémie mondiale que nous pensions derrière nous ? Nous n’en sommes évidemment pas là, mais l’apparition de ce nouveau variant, tout comme la possibilité de voir survenir des clusters de contamination comme cela vient de se produire aux fêtes de Bayonne, nous interroge légitimement. Même si la couverture vaccinale est bonne en France, la crainte de devoir revivre les conséquences sanitaires et socio-économiques d’un retour de la pandémie est bien dans les esprits.
Peut-être aurions-nous dû écouter plus attentivement les spécialistes comme le directeur général de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) qui a décrété la fin de la pandémie. « Il y a trois mois, j’ai déclaré la fin du Covid-19 en tant qu’urgence sanitaire mondiale, même si j’ai dit qu’il restait une menace pour la santé mondiale. Il ne fait aucun doute que le risque de maladie grave et de décès est considérablement plus faible qu’il y a un an, grâce à l’augmentation de l’immunité de la population contre la vaccination, l’infection ou les deux, et grâce à un diagnostic précoce avec de meilleurs soins cliniques. Malgré ces améliorations, l’OMS continue d’évaluer le risque de Covid-19 pour la santé publique mondiale comme étant élevé. Le virus continue de circuler dans tous les pays, il continue de tuer et il continue de changer », a expliqué hier le docteur Tedros Adhanom Ghebreyesus à Genève, où se tenait un Comité d’examen concernant les recommandations permanentes pour la Covid-19.
L’OMS, qui a d’ailleurs annoncé surveiller le variant Eris, incite, en effet, les pays à mettre à jour leur stratégie. Surveillance, information transparente, poursuite de la vaccination si besoin, soutien à la recherche scientifique pour mieux comprendre la maladie – on pense au Covid long –, faciliter l’accès aux soins, aux traitements et aux vaccins. « L’OMS n’oubliera pas le Covid-19, et les gouvernements non plus », assure le Dr Ghebreyesus.
Car il y a là un enjeu de santé publique mondiale évident. La mise en œuvre des recommandations de l’OMS aidera non seulement à se protéger contre le Covid-19, mais aidera également les pays à prévenir et à répondre à d’autres maladies, d’autres épidémies qui pourraient se déclencher, par exemple à la faveur du réchauffement climatique. Le Covid-19 a été une terrible épreuve mais il a aussi constitué un test de notre capacité collective à l’entraide, à la solidarité et à la résilience. Tâchons de ne pas l’oublier pour préparer l’avenir.
(Editorial publié dans La Dépêche du Midi du jeudi 10 août 2023)