La perte de bagages est un véritable fléau pour les voyageurs du monde entier et leurs nerfs avaient été particulièrement mis à rude épreuve l’an passé. La reprise du trafic aérien après l’épidémie de Covid-19 avait, en effet, engendré de multiples problèmes dans les grands aéroports internationaux. On se souvient, l’été dernier, de ces océans de valises en perdition stockées cahin caha dans les couloirs des terminaux. En 2022, 26 millions de valises avaient ainsi été perdues, endommagées ou retardées, selon une étude de Sita, qui fournit des services informatiques pour le secteur aérien. Soit un ratio de 7,6 valises pour 1 000 passagers… A Paris, 35 000 bagages avaient été perdus l’an dernier à l’aéroport Roissy Charles-de-Gaulle.
Cette année, les professionnels de l’aérien promettaient une amélioration et début juillet le PDG d’Aéroports de Paris (ADP), Augustin de Romanet, se disait « prêt » à affronter les départs en vacances, annonçant un renforcement de 20 % des effectifs de maintenance. Las ! Début août à Orly, une panne sur le système de tri des bagages, qui achemine sacs et valises jusqu’à l’avion, avait impacté près de 10 000 passagers.
Les aéroports et les compagnies tentent évidemment de remédier à ces dysfonctionnements, inventent de nouvelles façons de sécuriser les flux, d’identifier les bagages, en les prenant en photo par exemple, mais le risque zéro n’existe pas. Les passagers eux-mêmes prennent les choses en main et glissent dans leur valise un AirTag, cette petite balise d’Apple qui permet de localiser l’objet dans lequel elle se trouve. À défaut de récupérer son bagage, on sait au moins où il se trouve… Quant aux indemnisations, si elles sont activées, elles constituent souvent pour les voyageurs un insupportable parcours du combattant, à telle enseigne que des sociétés spécialisées se sont créées pour monter les dossiers de demande de compensation en naviguant dans le maquis des réglementations internationales et européennes.
Mais le risque de perdre son bagage est peut-être l’occasion de réfléchir à la façon dont nous voyageons… et à l’impact environnemental de nos trajets en avion. Car chaque bagage embarqué représente des émissions de CO2. À l’heure où le secteur aérien planche sur un avion vert qui est encore très loin de voir le jour, alléger le poids transporté en soute est une option à effet immédiat sur l’empreinte carbone.
Certains voyageurs ont ainsi décidé de ne prendre qu’un bagage cabine et de renoncer à une grosse valise. Ne prendre que l’essentiel pour retrouver de la souplesse, l’idée fait son chemin. Japan Airlines pousse même plus loin la réflexion et propose à ses passagers de leur louer des vêtements mis à disposition à leur arrivée dans leur hôtel ou leur location.
Voyager léger et sans bagage ? Et si c’était ça la solution ?
(Editorial. publié dans La Dépêche du Midi du lundi 7 août 2023)