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Mégamobilisation

 

feu

Face au mégafeu historique qui a ravagé l’Aude, tous ceux qui aiment ces Corbières, ce pays Cathare, ce Midi ensoleillé et riche de vie et de souvenirs, ont été saisis d’effroi. La solidarité nationale doit évidemment aller aux habitants sinistrés dont certains ont tout perdu, aux agriculteurs et viticulteurs qui voient des années de labeur réduites à néant, aux élus qui se démènent sans compter pour leurs villages aujourd’hui abîmés. Face à ce mégafeu qui n’était hier toujours pas fixé, on ne peut que saluer le courage et le professionnalisme des centaines de pompiers, au sol comme dans les airs, qui luttent sans relâche pour maîtriser le plus important incendie du XXIe siècle en France.

Le temps est à l’émotion, au soutien, à l’action. Celui des questions viendra, sur le niveau des moyens dont nous disposons, sur notre préparation de long terme face à des incendies amenés, hélas, à se multiplier à l’avenir.

Sur les moyens, il faut concrètement procéder au « réarmement puissant » qu’Emmanuel Macron appelait de ses vœux en octobre 2022 après un été déjà marqué par des incendies. Le gouvernement, en quête effrénée de 44 milliards d’euros d’économies pour son Budget 2026, s’enorgueillit de ne pas toucher au budget des Armées. On espère qu’il en sera de même pour celui des soldats du feu, alors qu’en février 2024, le gouvernement Attal, déjà en quête d’économies, a supprimé par décret les crédits devant servir à commander deux des quatre Canadairs prévus… François Bayrou a assuré mercredi qu’ils allaient être commandés.

Dont acte mais que de temps perdu. Cet équipement en moyens aériens de lutte contre les incendies doit aussi être vu à l’échelle européenne, car plusieurs pays sont chaque été touchés par des incendies. En finançant l’achat d’avions dans son programme RescUE, qui apporte une réponse commune aux catastrophes, l’Europe, si souvent critiquée, montre toute son utilité. Les projets d’avions bombardiers européens, portés par des start-up ou le géant Airbus sont aussi à saluer.

Mais avant de lutter contre un incendie, mieux vaut tout faire pour qu’il ne se déclenche pas. L’expérimentation actuelle de capteurs connectés par satellite près du Pont du Gard par Kinéis et Entente Valabre est à ce titre prometteuse. Cette détection ultra-précoce des incendies pourrait être rapidement étendue dans d’autres massifs forestiers partout en France.

Enfin, ces mégafeux posent des questions sur la façon dont l’homme a remodelé et occupe les paysages. « Bien sûr le réchauffement climatique impacte la planète mais cela n’est pas une réponse suffisante. Il y a depuis dix ans des alertes de Météo-France, qui ont mis en évidence la semi-aridification de la bande littorale allant de Sète à Perpignan. Cette zone agricole, viticole et touristique a été délaissée par négligence et par manque d’ambition », déplore le viticulteur bien connu Gérard Bertrand, qui appelle, à raison, un plan Marshall pour ramener l’eau. Il faudra aussi rajouter une réflexion sur l’impact de l’artificialisation des sols, l’arrachage des vignes ou l’importance du débroussaillage.

Le chantier est immense, mais le défi réalisable. Aux mégafeux doit répondre une mégamobilisation.

(Editorial publié dans La Dépêche du Midi du jeudi 8 août 2025)

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