En vacances à l’étranger comme en France, qui n’a jamais été tenté d’acheter sur un marché ou à un vendeur ambulant, un polo Lacoste, un sac Vuitton, Chanel ou Hermès, un parfum Guerlain ou Saint-Laurent, une montre Rolex, Patek Philippe ou Cartier à des prix défiant toute concurrence ? Bien sûr, chacun sait qu’il s’agit d’une contrefaçon de ces objets de luxe, à une lettre près sur le logo de la marque et parfois en tout point identique tant l’imitation est bluffante. On croit alors repartir l’esprit léger avec un souvenir d’été, qui brillera comme un vrai sur Instagram ou auprès des copains une fois de retour à la maison…
Même si la contrefaçon ne s’arrête pas à la maroquinerie ou au prêt-à-porter de luxe et touche tout un tas d’objets, des jouets aux outils, celle concernant les produits haut de gamme met à l’épreuve nos principes moraux avec l’irrésistible envie de s’afficher avec, d’exhiber même, des produits socialement valorisants, notamment pour les plus jeunes sur les réseaux sociaux qui exacerbent cette pression sociale.
Dans une enquête de l’Union des fabricants pour la protection internationale de la propriété intellectuelle (Unifab) et de l’Institut National de la Propriété Industrielle (INPI), publiée l’an dernier, 40 % des Français déclaraient ainsi avoir déjà acheté un produit contrefait, en particulier dans la maroquinerie, les vêtements ou les parfums. Et en même temps, une majorité d’entre eux désapprouve l’achat de contrefaçons, bien consciente que celles-ci représentent une menace pour l’économie et la création des entreprises qui conçoivent les vrais objets…
Afin de briser ce cercle vicieux qui voit chez les acheteurs de faux le gain psychologique l’emporter sur la culpabilité de transgresser la loi, les fabricants ont lancé cette année une campagne de sensibilisation en invitant les Français à découvrir l’histoire de produits victimes de contrefaçon. Et à ne pas être dupes des nouveaux mots qui apparaissent sur internet – clones, génériques – pour leur vendre de la contrefaçon derrière laquelle opèrent de tentaculaires et très organisés réseaux criminels.
Car la réalité des produits contrefaits – achetés en toute connaissance de cause ou après avoir été arnaqués – est bien là : non seulement ces copies illégales peuvent être dangereuses, notamment pour la santé, mais elles financent la grande criminalité internationale. Et cela de plus en plus à en juger par le nombre de saisies effectuées par les Douanes en 2024 : 21,47 millions d’objets ont été retirés du marché, en hausse pour la 5e année consécutive.
Face à ce triple fléau à la fois économique, sanitaire et sécuritaire, qui n’est pas sans rappeler celui des stupéfiants, un plan national anti-contrefaçons 2024-2026 a été présenté l’année dernière. Orienté vers l’identification et le démantèlement des réseaux organisés de fraude, ce plan s’appuie sur de nouveaux outils juridiques, notamment cyber, et des moyens renforcés tant pour lutter contre les contrefaçons venues de l’étranger que celles qui sont fabriquées dans des ateliers au sein même de l’Union européenne.
Mais la lutte contre la contrefaçon banalisée doit être l’affaire de tous et donc aussi des consommateurs qui doivent résister à la tentation et mettre en cohérence leurs valeurs avec leurs actes en préférant le vrai au faux…
(Editorial publié dans La Dépêche du Midi du vendredi 1er août 2025)