Il y a eu les prothèses mammaires, le Mediator et le Levothyrox sans oublier le chlordécone. Autant de scandales sanitaires, certes tous différents, mais qui ont marqué les Français et auxquels il va falloir en rajouter, hélas, un de plus : celui des implants vaginaux.
La promesse de ces implants, introduits dans les années 90, était pourtant formidable pour traiter des problèmes comme l’incontinence urinaire ou les descentes d’organes. Mais très vite des voix se sont élevées pour dénoncer des effets secondaires graves qui ont plongé des centaines de femmes dans d’insupportables souffrances entre douleurs chroniques, infections et même perforations d’organes. En 2017, une enquête menée par l’International Consortium of Investigative Journalists (ICIJ) a mis en lumière la gravité de la situation. En France, il a fallu attendre 2018 pour que l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) lance une campagne d’inspections. Des milliers de femmes ont depuis rejoint des actions collectives pour faire entendre leur voix et demander justice. Début juillet, 30 femmes ont déposé plainte pour faire avancer le dossier, obtenir une juste réparation pour les préjudices physiques et moraux subis, et espérer que des leçons soient tirées de ce nouveau scandale sanitaire.
La première d’entre elles devrait être de s’attaquer aux failles majeures dans le système de régulation des dispositifs médicaux. Contrairement aux médicaments, qui subissent des essais cliniques rigoureux, les implants médicaux ont souvent été approuvés sans tests approfondis et cette insuffisance réglementaire a permis la mise sur le marché de produits insuffisamment éprouvés. Aligner les standards pour les dispositifs médicaux sur ceux des médicaments, avec des études cliniques plus longues et plus strictes, paraît une évidence.
Il faut ensuite une meilleure transparence avec la publication obligatoire des résultats des essais, qu’ils soient positifs ou négatifs. Enfin, il faut un renforcement des contrôles après la commercialisation des dispositifs médicaux, avec un suivi systématique des patients après implantation pour détecter rapidement des effets indésirables. Les autorités sanitaires doivent être prêtes à retirer du marché tout produit présentant des risques avérés pour la santé publique. Mais tout cela suppose de donner des moyens pour réaliser ces contrôles et préserver les agents de toutes pressions, de tout lobby.
Enfin, ce scandale-là, comme d’autres, montre qu’il y a un terrible manque d’information des soignants et des patients. Les professionnels de santé, mieux formés, se doivent de fournir des explications claires et détaillées sur les bénéfices et les risques potentiels des traitements proposés et d’être davantage à l’écoute de leurs patients. Car au-delà des aspects réglementaires, la santé de ces derniers doit rester LA priorité face aux enjeux économiques et d’innovation.
Si le risque zéro n’existe pas, en repensant fortement l’encadrement des dispositifs médicaux, on réduira la survenue de nouveaux drames et on permettra de restaurer la confiance dans le système de santé. Dans une Assemblée nationale sans majorité absolue, nul doute qu’un tel projet trouverait les voix pour être adopté. On le doit à Sophie, Marion, Monique, Virginie et Sylvie qui témoignent dans nos colonnes comme à toutes les autres femmes victimes.
(Editorial publié dans La Dépêche du Midi du lundi 12 août 2024)