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Attendre de voir

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L’inflation qui passe sous la barre des 2 %, voilà une bonne nouvelle en cette rentrée, ce n’était plus arrivé depuis trois ans, autant dire une éternité pour les Français qui ont connu une envolée des prix dans l’alimentaire ou l’énergie. En estimant que les prix à la consommation augmenteraient de + 1,9 % en août 2024, après + 2,3 % en juillet, l’Insee – qui confirmera ces taux le 13 septembre – redonne un peu le moral d’autant que ce n’est pas la seule bonne nouvelle. Cette baisse de l’inflation s’expliquerait notamment par le très net ralentissement des prix de l’énergie : sur un an, ceux de l’électricité ralentiraient et ceux des produits pétroliers baisseraient. D’ailleurs, on le constate en ce moment, les prix des carburants, diesel comme essence, sont à leur plus bas niveau depuis l’année 2022.

Autre point positif pour l’économie française, dévoilé également hier par l’Insee, la consommation des ménages en biens a augmenté légèrement en juillet 2024 à + 0,3 % : un léger rebond porté par la hausse de la consommation d’énergie (+ 0,9 %) et de la consommation alimentaire (+ 0,4 %).

Mais les Français vont sans doute attendre de voir si la baisse des prix se concrétise. Car pour l’heure, surtout après ces derniers jours pendant lesquels il a fallu préparer la rentrée scolaire, le sentiment est que les prix restent toujours trop élevés. Selon l’étude CSA Research-Cofidis, 79 % des parents affirment ainsi avoir constaté des hausses de prix depuis la précédente rentrée scolaire. Une majorité de Français a d’ailleurs réduit son budget, limité ses dépenses sur plusieurs postes et cherché des moyens de faire des économies, soit en consommant moins, soit en misant sur la seconde main.

Les Français sont d’ailleurs plus enclins à se méfier qu’ils gardent en mémoire les mauvaises manières des industriels de l’agro-alimentaire qui ont inventé au plus fort de l’inflation la shrinkflation, qui consiste à diminuer le grammage d’un produit sans changer son prix – et sans en avertir les consommateurs – oui la strechtflation, qui consiste à ajouter une petite quantité supplémentaire au produit tout en augmentant son prix de façon exagérée.

« Oui, les prix baissent », a assuré hier le PDG de Coopérative U, Dominique Schelcher, pour qui « l’hyperinflation » des deux dernières années est désormais « derrière nous ». Mais le grand patron a reconnu que si « les prix baissent depuis le mois de mai en France, très légèrement, malheureusement, pour les Français, ça ne se traduit pas encore assez de manière significative dans le global du caddie ».

En attendant que la baisse des prix se confirme et soit bien perceptible par les Français, il faudra aussi avoir à l’esprit que les prix ne reviendront pas au niveau d’avant la guerre en Ukraine et le retour de l’inflation. Dès lors l’amélioration du pouvoir d’achat, qui reste la priorité numéro 1 des Français, va immanquablement poser la question de la hausse des salaires qui horrifie le Medef, mais qui visiblement est d’actualité chez nos voisins allemands. Comme en France, l’indice des prix à la consommation, selon une première estimation de l’office des statistiques Destatis, est passé sous la barre des 2 %, à 1,9 % sur un an, au plus bas depuis trois ans. Et les salaires allemands ont augmenté en moyenne de 3,1 % d’avril à juin par rapport à la même période de l’année précédente, marquant ainsi une augmentation du pouvoir d’achat des salariés pour le cinquième trimestre consécutif.

(Editorial publié dans La Dépêche du Midi du samedi 31 août 2024)

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