L’apparition d’un nouveau sérotype de la maladie de la fièvre catarrhale ovine (FCO), le BVP3, dans le Nord de l’Europe et sa diffusion rapide dans plusieurs pays dont la France inquiète à raison les éleveurs, qui craignent une expansion dramatique. En France, les éleveurs font face à cette maladie de la langue bleue depuis 2006 et, en dépit d’un vaccin – dont la disponibilité à parfois connu des ratés – des centaines de bêtes en sont mortes ces dernières semaines dans le Sud du pays, notamment en Occitanie, où 4 000 brebis ont été emportées dans les Pyrénées-Orientales, l’Aude et l’Ariège. Après l’influenza aviaire ou plus récemment la maladie hémorragique épizootique (MHE) des bovins, détectée pour la première fois en France en 2023, voilà une nouvelle calamité qui s’abat sur un monde agricole qui a crié sa détresse en début d’année.
Le ministère de l’Agriculture s’est rapidement mobilisé pour faire face au nouveau sérotype de la fièvre catarrhale et la campagne de vaccination démarrée ce lundi est une bonne chose pour tenter d’endiguer la propagation de la maladie. Mais elle ne compensera pas la perte douloureuse des bêtes que subissent les éleveurs qui, pour beaucoup d’entre eux, se débattent dans des difficultés financières. Les demandes d’indemnisation formulées par la FNSEA ou la Confédération paysanne sont dès lors légitimes car il en va du sauvetage d’exploitation parfois décimées, mais aussi de la préservation d’un savoir-faire et de produits du terroir.
L’apparition du nouveau sérotype de la fièvre catarrhale ovine, tout comme la survenue récurrente de foyers de grippe aviaire – un foyer d’Influenza aviaire hautement pathogène a été détecté mardi dans un élevage de volailles en Ille-et-Vilaine – doivent aussi nous amener à prendre de la hauteur. Les maladies vectorielles deviennent, en effet, une menace importante tant pour la santé humaine que pour la santé animale, une augmentation inquiétante de leur prévalence et de leur propagation ayant été observée ces dernières années, comme l’a noté l’Organisation mondiale de la Santé animale. Dans son dernier rapport « Situation de la santé animale dans le monde », l’OMSA, qui fête ses cent ans cette année, observe qu’« il est clairement prouvé que le changement climatique est un facteur déterminant dans la propagation de ces maladies vectorielles », qui englobent les maladies transmises par les moustiques, les tiques ou les mouches. Le réchauffement du climat facilite ainsi l’expansion de maladies vectorielles dans de nouvelles zones auparavant non touchées. Le virus de la maladie hémorragique épizootique en est un parfait exemple selon l’OMSA : habituellement limitée à l’Amérique du Nord et certaines parties de l’Asie, la MHE s’est étendue aux pays du pourtour méditerranéen et en Europe.
Face à cette nouvelle donne, surveiller l’expansion des maladies vectorielles dans le monde doit être une priorité d’autant que l’OMS compte plus de 200 types de zoonoses, ces maladies ou infection transmissible des animaux à l’homme. Ces évolutions soulignent tout l’intérêt du concept One Health (Une seule santé), c’est-à-dire la prise en compte de l’interdépendance entre les santés humaine, animale, végétale et la protection de l’environnement.
(Editorial publié dans La Dépêche du Midi du jeudi 15 août 2024)