Accéder au contenu principal

Rien n'est fini...

 

masque

On avait fini par l’oublier. Entre la crise énergétique et ses semaines de pénurie d’essence, l’inflation galopante qui est déjà à deux chiffres pour les produits alimentaires et les perspectives préoccupantes de la facture à la hausse de l’énergie et de potentielles coupures de courant cet hiver, l’épidémie de Covid était passée au second plan. Presque oubliée, car en matière de santé, les regards se portent sur l’épidémie de bronchiolite d’une ampleur sans précédent depuis une dizaine d’années et sur l’arrivée d’une grippe saisonnière annoncée comme plus virulente que les années passées.

Et pourtant, le coronavirus est loin d’avoir disparu et la France fait face à un rebond épidémique qui se transforme en une menaçante 9e vague. Le Covid se retrouve ainsi en mesure, une nouvelle fois, de gâcher Noël et les fêtes de fin d’année. Comme en 2020, nous replongeons dans les angoisses que nous avons vécues et les dilemmes qui étaient les nôtres lorsque l’on se demandait s’il fallait isoler papy et mamie dans la cuisine pour ne pas les contaminer, comme le recommandait alors fort maladroitement Jean Castex.

À ceci près que cette fois, nous sommes mieux armés qu’en 2020… à condition d’utiliser les armes dont nous disposons. Tous les médecins le disent, nous devons renouer avec le respect des gestes barrière et une certaine distanciation sociale. Nous devons aussi remettre le masque autant que nécessaire lorsque nous sommes dans les transports ou dans des endroits clos avec beaucoup de personnes. Et nous devons nous vacciner que ce soit pour la première fois – 19,5 % de la population ne sont toujours pas vaccinés – que pour les doses de rappel, indispensables puisque la protection diminue avec le temps et que l’épidémie évolue avec ses variants. Ces conseils sont martelés par le gouvernement, qui joue, d’évidence, la carte de la pédagogie plutôt que celle de la contrainte – on est heureusement loin de la stratégie zéro Covid chinoise qui montre ses limites pour ne pas dire son échec. L’objectif de l’exécutif est clair : éviter que l’hôpital, toujours en souffrance, ne soit submergé par une triple épidémie de Covid, de grippe et de bronchiolite.

Cette 9e vague de Covid sera-t-elle la dernière ? Rien n’est moins sûr. Il y a un mois, le directeur général de l’Organisation mondiale de la Santé – qui avait prédit la fin du Covid à la fin 2022 – a révisé ses propos, alors que le Comité d’urgence du Règlement sanitaire international estime que le Covid-19 reste une urgence de santé publique mondiale, qu’il faut renforcer la surveillance et élargir l’accès aux tests, aux traitements et aux vaccins pour les personnes les plus à risque, et que tous les pays doivent mettre à jour leurs plans nationaux de préparation et de riposte.

« Bien que la situation mondiale se soit manifestement améliorée depuis le début de la pandémie, le virus continue de muter et de nombreux risques et incertitudes subsistent. Cette pandémie nous a déjà surpris et pourrait très bien nous surprendre encore. » Nous voilà prévenus…

(Editorial publié dans La Dépêche du Midi du vendredi 2 décembre 2022)

Posts les plus consultés de ce blog

Sortir des postures

Le cortège d’une manifestation ou un rassemblement pour fêter la victoire d’un club sportif qui se terminent par des émeutes, des dégradations de mobilier urbain et de vitrines de magasins, parfois pillés, et des attaques violentes des forces de l’ordre par des hordes encagoulées dans un brouillard de gaz lacrymogènes… Les Français se sont malheureusement habitués à ces scènes-là depuis plusieurs décennies. Comme ils se sont aussi habitués aux polémiques politiciennes qui s’ensuivent, mêlant instrumentalisation démagogique, règlement de comptes politiques et critiques d’une justice supposément laxiste. Le dernier épisode en date, qui s’est produit samedi soir à Paris à l’occasion de la victoire du PSG face à l’Inter Milan en finale de la Ligue des champions, ne fait, hélas pas exception à la règle. Au bilan édifiant – deux morts, des dizaines de blessés, plus de 600 interpellations, des rues et magasins saccagés – s’ajoutent désormais les passes d’armes politiques. Entre l’opposition e...

La messe est dite ?

    L’entourage de François Bayrou a beau tenter d’expliquer que l’échec du conclave sur les retraites n’est imputable qu’aux seuls partenaires sociaux qui n’ont pas réussi à s’entendre en quatre mois pour « améliorer » la contestée réforme des retraites de 2023, la ficelle est un peu grosse. Car, bien évidemment, cet échec – hélas attendu – est aussi celui du Premier ministre. D’abord parce que c’est lui qui a imaginé et convoqué cette instance inédite de dialogue social et qu’il aurait naturellement revendiqué comme le succès de sa méthode un accord s’il y en avait eu un. Ensuite parce qu’il n’a pas été l’observateur neutre des discussions, qu’il promettait « sans totem ni tabou ». Il a au contraire, plusieurs fois, interféré : dès leur lancement en les corsetant par une lettre de cadrage imposant de ne pas créer de dépenses et d’équilibrer les comptes à l’horizon 2030 ; ensuite par son refus de voir abordé l’âge de départ à 64 ans, point centra...

Urgence démographique

  Présentées dans la torpeur de l’été, les statistiques démographiques de l’Insee devraient pourtant tous nous inquiéter et nous réveiller. Avec une baisse de 2,2 % du nombre quotidien de naissances moyen entre le premier semestre 2024 et celui de 2025, la France devrait atteindre une nouvelle fois son plus bas niveau depuis la fin de la Seconde guerre mondiale, et cela pour la quatrième année consécutive, sans que l’on perçoive la possibilité d’un retournement prochain de situation. Dans le même temps, en cumul de janvier à juin, le nombre de décès quotidien moyen est plus élevé en 2025 qu’il ne l’était un an auparavant : + 2,5 %. Implacable logique d’un solde naturel qui montre d’un côté une France qui ne fait pas assez d’enfants, de l’autre une France dont la population vieillit à grande vitesse. Au 1er janvier 2025, 21,8 % des habitants avaient au moins 65 ans, contre 16,3 % en 2005 ; les personnes âgées d’au moins 75 ans représentent désormais 10,7 % de la population, contre 8...