La France s’est depuis longtemps habituée à vivre des épisodes cévenols, ces pluies intenses nées de la rencontre de l’air chaud et humide de la Méditerranée avec l’air froid des dépressions océaniques venues du golfe du Lion, qui se traduisent par de fortes précipitations et des inondations parfois spectaculaires et meurtrières dans le sud de la France. L’intensité de ces phénomènes s’est d’ailleurs accentuée ces dernières années. En revanche, la France est moins habituée à voir de violents orages la frapper sur plusieurs jours, sur plusieurs régions, accompagnés parfois de chutes de grêle dévastatrices, notamment pour les cultures, voire de mini-tornades.
Ces phénomènes peuvent-ils s’expliquer par le réchauffement climatique ? Oui et non. Oui car les différents rapports du Giec indiquent qu’une augmentation du risque de précipitations extrêmes au cours du XXIe siècle est probable. L’Organisation météorologique mondiale rappelle de son côté que « les précipitations journalières extrêmes s’intensifieront d’environ 7 % pour chaque degré de réchauffement planétaire supplémentaire ».
Non, car concernant spécifiquement les orages, la grêle ou les tornades, les scientifiques manquent de données. « Concernant la potentielle augmentation du risque d’orages du fait du réchauffement climatique, il n’y a pas encore aujourd’hui d’éléments scientifiques qui permettraient de le conclure », a récemment déclaré Virginie Schwarz, PDG de Météo-France.
Si l’influence du réchauffement climatique sur des phénomènes météorologiques comme les ouragans, les canicules ou les fortes pluies fait l’unanimité parmi les scientifiques, une inconnue persiste donc sur les orages, dont la prévision et la localisation sont un véritable défi tant ce phénomène est complexe, même si l’amélioration constante des modèles numériques permettra d’être de plus en plus précis et de pouvoir alerter de plus en plus finement les populations.
Les scientifiques ont toutefois l’intuition que les orages violents de ces derniers jours constituent « une sorte d’avant-goût de ce qui nous attend », selon l’expression de François Gemenne, expert du Giec, qui estime que la France va passer irréversiblement d’un climat tempéré à un climat méditerranéen. C’est cette bascule qu’il faut avoir à l’esprit pour se préparer dans les années à venir à adapter notre économie, notre agriculture, notre urbanisme, nos modes de vie.
Cette réflexion pour le long terme doit aussi s’accompagner sur le court terme d’une solidarité sans faille envers tous ceux qui sont victimes de phénomènes météo extrêmes, comme ces derniers jours les habitants du Gers ou du Tarn-et-Garonne.*
(Editorial publié dans La Dépêche du Midi du jeudi 22 juin 2023)