Photo DDM, Jean-Marie Lamboley |
C’est une sorte de décentralisation qu’est en train de vivre la France, un rééquilibrage entre ses territoires urbains et ruraux, longtemps réclamé par les élus et les habitants de la province face à la toute-puissance décisionnaire parisienne, presque la possible revanche des Girondins sur les Jacobins que permet finalement l’épidémie de Covid-19.
Depuis un an, en effet, les restrictions nombreuses mises en place pour endiguer l’épidémie, et notamment les confinements qui ont assigné les Français à domicile, ont permis de jeter un regard neuf sur l’aménagement du territoire et les limites de la métropolisation qui était à l’œuvre depuis plusieurs années.
Confinés pour nombre d’entre eux dans des appartements trop petits, de plus en plus de Français ont commencé à s’interroger sur la pertinence de rester dans des grandes villes privées de leurs atouts, notamment en termes d’offres culturelles. L’émergence du télétravail qui permet de travailler de n’importe où pourvu que l’on ait une connexion à internet, l’envie de disposer d’un jardin, de plus d’espace pour sa famille dans une maison plutôt qu’un appartement mais aussi diminuer le poids du logement dans son budget ont profondément bouleversé les projets des Français en général et leurs projets immobiliers en particulier.
Dès lors, les Français se sont mis en quête de leur logis idéal, privilégiant les périphéries des grandes villes et, surtout, les villes moyennes voire les zones rurales. Longtemps victimes de l’exode vers les métropoles, parfois du délitement du tissu économique et industriel, les villes moyennes se retrouvent aujourd’hui redécouvertes pour leur qualité de vie. Ces municipalités à taille humaine ont d’ailleurs rapidement répondu à ce regain d’intérêt en vantant leurs atouts : proximité des services et commerces, vie culturelle beaucoup plus dense que certains ne le croient, offres d’enseignement supérieur en développement, environnement et nature préservés, etc.
Des atouts qu’il convient désormais de conforter avec des dessertes routières suffisantes, des offres de transports en commun pertinentes, une présence réelle de services publics et un soutien au développement économique pour créer les emplois indispensables.
(Editorial publié dans La Dépêche du Midi du mercredi 28 avril 2021)