A force d’invoquer «Un jour sans fin», le film où le héros revit sans cesse la même journée, on en vient à avoir le sentiment de revivre – à l’heure où l’on s’apprête à sortir progressivement du 3e confinement – les mêmes séquences que lors du premier déconfinement... Lorsqu’Emmanuel Macron avait, en effet, annoncé la réouverture des écoles pour le 11 mai 2020, s’affranchissant de l’avis des scientifiques, un vent d’incompréhension avait traversé le pays, inquiétant les parents, les enseignants et les élus locaux.
Les enfants, qu’on croyait alors particulièrement contaminants, devaient-ils se retrouver ensemble ? Comment les enseignants allaient pouvoir faire classe avec une partie de leurs élèves à l’école et l’autre à la maison ? Et comment respecter un protocole sanitaire complexe à mettre en œuvre ? L’argument du décrochage de certains élèves pendant le confinement – bien réel pour 500000 d’ente eux –, invoqué par le ministre Jean-Michel Blanquer, n’était d’ailleurs pas passé et beaucoup dénonçaient une décision cynique pour pouvoir remettre les parents au travail à l’heure où l’économie française filait vers une récession historique.
Et pourtant… ces quelques semaines d’école avant les grandes vacances avaient été bénéfiques pour les élèves car si l’école est bien sûr le lieu de l’apprentissage, de la découverte, de la transmission des savoirs, elle est aussi celui de la socialisation où l’on apprend la citoyenneté.
Ce lundi, bis repetita donc avec une nouvelle rentrée scolaire sous Covid qui suscite, là encore, toute une série d’interrogations légitimes. Là où l’on peut s’étonner, c’est que le gouvernement semble toujours manquer d’anticipation. En un an, rien ne semble avoir évolué, ni aucune leçon tirée, pour préparer l’école aux nouvelles vagues épidémiques. Les bugs du retour de la Classe à la maison début avril, les imprécisions sur l’emploi des tests salivaires et maintenant des autotests ou les atermoiements sur l’emploi de capteurs de CO2 en sont l’illustration.
Dans ces conditions, Emmanuel Macron, qui a fait des écoles ouvertes un marqueur de sa gestion de l’épidémie et un motif de fierté, a-t-il raison de remettre les élèves sur le chemin des classes alors que l’épidémie est toujours à un niveau très élevé ? L’avenir dira si ce pari aura été pertinent.
(Editorial publié dans La Dépêche du Midi du lundi 26 avril 2021)