Et si, en dépit de tout, les Français finissaient par retrouver le moral ? Poser cette hypothèse est peut-être présomptueux tant les enquêtes, études, sondages et rapports en tout genre nous disent combien les Français font grise mine et sont pessimistes sur l’avenir. Le mois dernier, l’Insee nous apprenait ainsi qu’après un léger rebond, la confiance des ménages s’était dégradée à nouveau : à 90, l’indicateur qui la synthétise a diminué de trois points, restant au-dessous de sa moyenne de 100 entre janvier 1987 et décembre 2023… Ce mois-ci, l’enquête « Quels communs dans une société française en tension ? », réalisée par BVA Xsight et la Fondation Jean-Jaurès, révélait un mal-être profond au sein de la population. Une lassitude collective qui s’accompagne d’un sentiment d’enfermement : un Français sur deux se sent prisonnier de sa propre vie.
Quelques jours plus tard, c’est la vaste enquête « Fractures françaises » d’Ipsos qui mettait en lumière une défiance record envers nos institutions. Trois quarts des Français n’ont pas confiance dans la présidence de la République, un chiffre en hausse de 7 points en un an. L’Assemblée nationale n’est pas épargnée, avec 74 % de défiance également. Quant aux partis politiques, ils atteignent le score alarmant de 86 % de défiance. L’interminable feuilleton de la nomination du Premier ministre après la censure de Michel Barnier, encore décalée de 24 heures hier soir, n’arrangera pas les choses. Et hier, la Fondation Jean-Jaurès a publié une note préoccupante sur « l’exode informationnel » des Français : des millions de nos concitoyens ont décidé de fuir « un écosystème médiatique saturé d’informations répétitives, anxiogènes et conflictuelles ». N’en jetez plus !
Dans cet océan de marasme, deux bonnes nouvelles, pourtant, allument une petite lumière au bout du tunnel de la sinistrose : Notre-Dame de Paris et les Jeux olympiques. La première, l’un des monuments les plus visités dont l’incendie en 2019 avait ému le monde, a été réouverte samedi dernier après seulement cinq ans de travaux, sa splendeur retrouvée suscitant une admiration mondiale méritée.
Les JO de Paris, qui ont fait naître cet été un engouement populaire et une vraie fierté française saluée partout dans le monde ont, eux, fini hier en beauté puisque le Comité d’organisation présidé par Tony Estanguet a annoncé dégager un excédent d’environ 27 millions d’euros là où certains prédisaient un dérapage financier comme c’est souvent le cas. Les Jeux de Paris deviennent ainsi synonymes d’une réussite logistique, sportive, artistique, écologique et donc financière. De quoi pousser un vrai cocorico.
Ces deux exemples sont surtout deux leçons pour nous tous et peut-être plus encore pour notre classe politique qui se déchire depuis la dissolution ratée. Quand on a un objectif précis, un cap clair, un horizon galvanisant et ambitieux, quand chacun est respecté, considéré à sa juste valeur, motivé pour donner le meilleur de lui-même, alors les Français savent se retrouver sur l’essentiel, font vivre cette fraternité souvent malmenée et parfois oubliée et rendent possible ce qu’ils pensaient impossible. Ne dit-on pas qu’impossible n’est pas Français ?