Des ascenseurs en panne, des travaux mal réalisés, des charges qui s’envolent… Le tableau n’est que trop familier pour de nombreux copropriétaires français, qui pointent du doigt leur syndic. Et les témoignages accablants que nous publions attestent d’inadmissibles dysfonctionnements.
Longtemps considéré comme le garant du bon fonctionnement de nos immeubles, le syndic se retrouve aujourd’hui au centre de toutes les critiques. Et pour cause puisqu’une enquête menée par la DGCCRF, en 2021 et 2022, sur 457 établissements de syndics a révélé des anomalies dans… 313 d’entre eux ! Non-respect du contrat-type, facturations abusives, manque de transparence… La liste des griefs est longue et édifiante.
Mais ne nous y trompons pas, les syndics ne sont pas les seuls responsables de cette situation. Les copropriétaires eux-mêmes ont aussi leur part de responsabilité. Une étude récente du ministère de la Justice indiquait que 82 % des conflits entre copropriétaires et syndics sont dus à des impayés, avec une augmentation de 29 % des contentieux liés à cela entre 2007 et 2017. Ces retards ou défauts de paiement des charges demeurent ainsi une source majeure de tension qui met à mal l’équilibre financier et la vie des copropriétés.
Ce cercle vicieux est d’autant plus préoccupant que de nombreuses copropriétés sont déjà en situation précaire. Un rapport du Sénat sur la paupérisation des copropriétés en 2024 estime qu’environ 115 000 d’entre elles seraient en difficulté. Face à cette fragilité croissante, la nécessité d’une meilleure détection et prévention des difficultés, ainsi que d’un accompagnement renforcé des syndics dans leur mission, apparaît comme une évidence.
Pourtant, force est de constater que certains syndics, notamment les plus importants comme Foncia, semblent davantage préoccupés par leur rentabilité que par leurs obligations. La gestion opaque, le manque de communication sur les informations financières et la prise de décisions unilatérales sont autant de reproches régulièrement formulés par les copropriétaires.
Face à ces constats alarmants, le législateur a bien tenté de réagir. La loi du 10 avril 2024 introduit des mesures visant à simplifier la gestion des copropriétés et à faciliter l’exécution des travaux d’entretien. Mais ces réformes seront-elles suffisantes pour enrayer la machine infernale ? Une solution plus radicale commence à faire son chemin : devenir son propre syndic pour économiser sur les frais de gestion. Mais cela nécessite un investissement personnel important et cette solution n’est pas à la portée de toutes les copropriétés, notamment les plus grandes ou celles nécessitant une expertise technique pointue.
Au final, on voit bien qu’il est temps de repenser en profondeur le modèle économique et organisationnel des syndics professionnels. La professionnalisation accrue du métier de syndic, une meilleure régulation du secteur et pourquoi pas la création d’un label qualité indépendant et incontestable pour les syndics les plus vertueux, pourraient être des pistes à explorer. Il est également crucial de responsabiliser davantage les copropriétaires, en les formant peut-être et en les impliquant plus activement dans la gestion de leur bien commun.
(Editorial publié dans La Dépêche du Dimanche du 29 décembre 2024)