L’attentat qui a frappé l’Allemagne vendredi soir, faisant au moins cinq morts et plusieurs dizaines de blessé sur le marché de Noël de Magdebourg, a suscité une onde de choc dans le pays, dans le monde mais aussi plus particulièrement en France. Parce que notre pays a aussi connu des attentats de masse de cette nature avec l’attaque terroriste de Nice le 14 juillet 2016 qui avait fait 84 morts et 458 blessés, ou celle survenue sur le marché de Noël de Strasbourg, le 11 décembre 2018, qui avait fait 5 morts et 11 blessés ; parce que, depuis plus de 60 ans et la réconciliation scellée entre Charles de Gaulle et Konrad Adenauer, nos liens d’amitié avec l’Allemagne sont toujours plus puissants que des divergences politiques ponctuelles ; l’émotion des Allemands est aussi la nôtre et notre solidarité est totale pour qu’un peuple qui se retrouve plongé dans l’horreur terroriste puisse surmonter cette terrible épreuve.
Huit ans après un attentat similaire sur le marché de Noël de Berlin, le 19 décembre 2016, l’Allemagne est donc à nouveau secouée à un moment particulier de son histoire. Des élections législatives anticipées doivent, en effet, avoir lieu le 23 février prochain et la campagne électorale se déroule dans un contexte tendu où l’extrême droite, si longtemps circonscrite par un solide cordon sanitaire, pense son heure arrivée. En 2016, celle-ci avait utilisé l’attentat de Berlin pour dénoncer la politique migratoire d’Angela Merkel, cette chancelière qui avait accueilli plus d’un million de réfugiés syriens, sauvant ainsi l’honneur de l’Europe. Cette fois aussi, après plusieurs attentats commis ces derniers mois par des étrangers, le parti d’extrême droite AfD a bondi sur le drame, alors que la question de l’immigration jouera un rôle important dans le scrutin.
Le profil du suspect devrait au contraire imposer la prudence quant à ses motivations réelles. Installé en Allemagne depuis 2006, ce médecin originaire d’Arabie saoudite exerçait dans une commune voisine de Magdebourg et disposait du statut de réfugié. Il n’était pas connu pour des sympathies avec la mouvance jihadiste, mais au contraire par ses prises de position fréquentes sur les réseaux sociaux proches de l’extrême droite. D’un côté, cet homme de 50 ans avait rompu avec l’islam et dénonçait les « dangers » d’une islamisation de l’Allemagne, de l’autre il aidait des demandeurs d’asile. Les enquêteurs devront tirer au clair ce profil singulier et paradoxal.
L’autre question concernera aussi la sécurité du marché de Noël. En Allemagne comme en France, ce type d’événements est très sécurisé avec notamment des plots de béton contre, justement, les voitures béliers. Comment la voiture a-t-elle pu pénétrer dans la rue noire de monde ? Et comment les services de renseignements n’ont pas détecté la menace ?
Enfin, ce drame souligne la fragilité des sociétés démocratiques qui doivent en permanence trouver un équilibre entre sécurisation de l’espace public et lutte contre les attaques terroristes ou tout type d’ingérence étrangères – Elon Musk soutient l’AfD – et protection des libertés publiques qui leur sont consubstantielles.
L’Allemagne aujourd’hui est dans la peine mais, comme la France, trouvera les forces résilientes pour se relever. Car comme le disait le poète allemand Hölderin, « là où croit le péril, croît aussi ce qui sauve… »
(Editorial publié dans La Dépêche du Midi du dimanche 22 décembre 2024)
Der Anschlag, der am Freitagabend Deutschland auf dem Magdeburger Weihnachtsmarkt erschütterte und mindestens fünf Tote und mehrere Dutzend Verletzte forderte, löste eine Schockwelle im Land, in der Welt, aber insbesondere auch in Frankreich aus. Denn auch unser Land hat mit dem Terroranschlag in Nizza am 14. Juli 2016 mit 84 Toten und 458 Verletzten oder dem Terroranschlag auf dem Straßburger Weihnachtsmarkt am 11. Dezember 2018 mit 5 Toten und 458 Verletzten Massenanschläge dieser Art erlebt 11 verletzt; denn seit mehr als 60 Jahren und der besiegelten Aussöhnung zwischen Charles de Gaulle und Konrad Adenauer waren unsere freundschaftlichen Bindungen zu Deutschland immer stärker als gelegentliche politische Differenzen; Die Emotionen der Deutschen sind auch unsere und unsere Solidarität ist total, damit ein Volk, das in terroristische Schrecken gestürzt ist, diese schreckliche Tortur überwinden kann.
Acht Jahre nach einem ähnlichen Anschlag auf den Berliner Weihnachtsmarkt am 19. Dezember 2016 steht Deutschland erneut vor einem besonderen Moment seiner Geschichte. Tatsächlich müssen am 23. Februar vorgezogene Parlamentswahlen stattfinden, und der Wahlkampf findet in einem angespannten Kontext statt, in dem die extreme Rechte, die so lange von einem soliden Cordon Santé begrenzt war, glaubt, dass ihre Zeit gekommen sei. 2016 nutzte sie den Anschlag von Berlin, um die Migrationspolitik von Angela Merkel anzuprangern, der Kanzlerin, die mehr als eine Million syrische Flüchtlinge aufgenommen und damit die Ehre Europas gerettet hatte. Nach mehreren Angriffen von Ausländern in den letzten Monaten hat sich auch dieses Mal die rechtsextreme Partei AfD auf das Drama gestürzt, während die Frage der Einwanderung bei der Wahl eine wichtige Rolle spielen wird.
Im Gegenteil, das Profil des Verdächtigen sollte Vorsicht im Hinblick auf seine wahren Beweggründe erfordern. Der seit 2006 in Deutschland lebende Arzt aus Saudi-Arabien praktizierte in der Nachbarstadt Magdeburg und hatte Flüchtlingsstatus. Er war nicht für seine Sympathien für die dschihadistische Bewegung bekannt, sondern im Gegenteil für seine häufigen Positionen in sozialen Netzwerken, die der extremen Rechten nahe stehen. Einerseits hatte der 50-Jährige mit dem Islam gebrochen und die „Gefahren“ einer Islamisierung Deutschlands angeprangert, andererseits half er Asylbewerbern. Die Ermittler müssen dieses einzigartige und paradoxe Profil klären.
Die andere Frage wird auch die Sicherheit des Weihnachtsmarktes betreffen. Sowohl in Deutschland als auch in Frankreich ist diese Art von Veranstaltung sehr sicher, insbesondere mit Betonblöcken gegen rammende Autos. Wie kam das Auto in die überfüllte Straße? Und warum haben die Geheimdienste die Bedrohung nicht erkannt?
Schließlich macht dieses Drama die Fragilität demokratischer Gesellschaften deutlich, die ständig ein Gleichgewicht zwischen der Sicherung des öffentlichen Raums und der Bekämpfung von Terroranschlägen oder jeglicher Art ausländischer Einmischung – Elon Musk unterstützt die AfD – und dem Schutz öffentlicher Freiheiten finden müssen, die damit einhergehen .
Deutschland ist heute in Schwierigkeiten, wird aber ebenso wie Frankreich die belastbare Kraft aufbringen, wieder aufzustehen. Denn wie die deutsche Dichterin Hölderin sagte: „Wo die Gefahr wächst, wächst auch das Rettende …“