Après des mois de tempête inflationniste qui ont secoué le pouvoir d’achat des Français, une embellie arriverait-elle cet automne ? En tout cas, plusieurs indicateurs apportent un peu d’optimisme, notamment sur les prix de l’alimentaire. Le 15 octobre, l’Insee a ainsi publié son Indice des prix à la consommation définitif pour le mois de septembre : il baisse de 1,2 % sur un mois, soit la plus forte baisse mensuelle depuis 1990, et les prix de l’alimentation hors produits frais sont quasi stables sur un an (+ 0,1 %).
Ce mardi, RTL a annoncé de son côté que son « panier », composé de 13 produits du quotidien, comme les pâtes, les œufs ou le lait, affichait une baisse de 2,39 %, la première depuis sa création en octobre 2021. Autre motif de soulagement pour les ménages français : la baisse des prix de l’énergie. Les tarifs du gaz et de l’électricité, qui avaient flambé l’an dernier, retrouvent peu à peu des niveaux plus raisonnables avec des perspectives à la baisse pour les prochains mois selon les experts. Les carburants, eux aussi, connaissent une accalmie relative et, même si les prix jouent parfois le yo-yo, ils sont eux aussi orientés à la baisse.
Cependant, gardons-nous de tout triomphalisme hâtif. Cette décélération de l’inflation reste fragile et pourrait n’être que temporaire car le contexte international demeure toujours aussi incertain. Comment va évoluer la guerre en Ukraine, surtout après l’élection présidentielle américaine, le 5 novembre, qui pourrait voir Donald Trump revenir à la Maison Blanche ? Comment vont se poursuivre – ou s’arrêter – les guerres à Gaza et au Sud Liban entre Israël, le Hamas et le Hezbollah qui déstabilisent le Moyen-Orient ? Le conflit en Ukraine continue de peser sur les marchés des matières premières, et toute escalade pourrait rapidement se traduire par de nouvelles hausses de prix. Les tensions entre la Chine et les États-Unis constituent également une source d’inquiétude, susceptible de perturber les chaînes d’approvisionnement mondiales.
Les politiques monétaires restrictives menées par les banques centrales pour juguler l’inflation – même si la BCE a décidé de baisser ses taux – pourraient avoir des effets secondaires indésirables, peser sur l’emploi et créer de nouvelles pressions inflationnistes à moyen terme. Enfin, nos économies restent confrontées à d’importants défis structurels, comme la transition écologique, qui nécessiteront des investissements massifs dont le montant pourrait conduire à des hausses de prix dans certains secteurs.
On le voit, si l’inflation amorce un ralentissement ou une stabilisation, la volatilité pourrait être de mise. Dans ce contexte, les pouvoirs publics devront maintenir leurs efforts pour soutenir le pouvoir d’achat des ménages les plus vulnérables – qui peinent parfois à percevoir la baisse des prix – tout en maîtrisant les comptes publics qui ont gravement dérapé. Cet équilibre délicat à trouver est tout l’enjeu du Budget 2025 actuellement examiné par le Parlement.
(Editorial publié dans La Dépêche du Midi du vendredi 25 octobre 2024)