Accéder au contenu principal

L'attente

MH370



Dix ans se sont écoulés depuis que le vol MH370 de Malaysia Airlines a disparu des radars, le 8 mars 2014 au sud de l’océan Indien, emportant avec lui 239 personnes et laissant derrière lui un sillage de questions sans réponses et une multitude d’hypothèses. Ce Boeing 777, qui s’est volatilisé peu après son départ de Kuala Lumpur pour Pékin, reste ainsi l’un des plus grands mystères de l’aviation civile moderne.

Pendant toutes ces années, les hypothèses ont été nombreuses et variées, allant de la défaillance technique à l’acte délibéré, en passant par la théorie d’un détournement potentiellement terroriste ou d’une interception militaire. La journaliste Florence de Changy a soulevé dans son livre-enquête « La disparition », publié en 2021, l’hypothèse d’un abattage par l’armée américaine, une théorie controversée qui, comme les autres, manque de preuves tangibles. Patrick Blelly, ancien pilote de long-courriers chez Air France que nous avons interrogé, a, lui, échafaudé une hypothèse plausible d’un acte délibéré du pilote Zaharie Ahmad Shah, dont les données récupérées sur un simulateur de vol qu’il avait utilisé avant le vol fatidique paraissent suspectes. Mais là encore, aucune certitude. Depuis dix ans, le vol MH370 constitue un terreau pour les théories du complot, alimentées par ce manque de preuves et les déclarations parfois contradictoires qu’ont eues les autorités.

Les données satellitaires du 8 mars 2014 ont tracé un chemin fantôme à travers l’océan Indien, mais l’épave est toujours restée introuvable, malgré les recherches les plus coûteuses de l’histoire de l’aviation, qui ont été étendues sur des millions de kilomètres carrés. L’épave de l’appareil n’a jamais été localisée, et les boîtes noires, censées détenir les secrets de telles tragédies, demeurent introuvables.

Dix ans après, le voile du mystère reste donc entier. Les données d’Inmarsat, les débris retrouvés à des milliers de kilomètres du dernier contact radar, les témoignages et les analyses techniques se sont accumulés et n’ont fait qu’épaissir le brouillard entourant cette disparition.

Si la disparition du MH370 a à ce point marqué l’opinion, c’est aussi parce qu’elle est rapidement devenue une affaire d’États, impliquant des négociations diplomatiques et des opérations de recherche internationales délicates et complexes. Les familles des disparus, suspendues à un fil d’espoir avec l’éventuelle reprise des recherches, ont été et sont toujours confrontées à une attente interminable et à un deuil impossible tant qu’elles ne sauront pas ce qui a pu se passer.

L’anniversaire de cette disparition nous rappelle que, malgré les avancées technologiques, certaines tragédies demeurent insaisissables. Le MH370 est ainsi devenu plus qu’un avion disparu ; le symbole d’une énigme qui défie notre compréhension. Et si l’aviation reste le moyen de transport le plus sûr, la disparition de ce Boeing nous renvoie à notre vulnérabilité.

(Editorial publié dans La Dépêche du Midi du jeudi 7 mars 2024)

Posts les plus consultés de ce blog

La messe est dite ?

    L’entourage de François Bayrou a beau tenter d’expliquer que l’échec du conclave sur les retraites n’est imputable qu’aux seuls partenaires sociaux qui n’ont pas réussi à s’entendre en quatre mois pour « améliorer » la contestée réforme des retraites de 2023, la ficelle est un peu grosse. Car, bien évidemment, cet échec – hélas attendu – est aussi celui du Premier ministre. D’abord parce que c’est lui qui a imaginé et convoqué cette instance inédite de dialogue social et qu’il aurait naturellement revendiqué comme le succès de sa méthode un accord s’il y en avait eu un. Ensuite parce qu’il n’a pas été l’observateur neutre des discussions, qu’il promettait « sans totem ni tabou ». Il a au contraire, plusieurs fois, interféré : dès leur lancement en les corsetant par une lettre de cadrage imposant de ne pas créer de dépenses et d’équilibrer les comptes à l’horizon 2030 ; ensuite par son refus de voir abordé l’âge de départ à 64 ans, point centra...

Sortir des postures

Le cortège d’une manifestation ou un rassemblement pour fêter la victoire d’un club sportif qui se terminent par des émeutes, des dégradations de mobilier urbain et de vitrines de magasins, parfois pillés, et des attaques violentes des forces de l’ordre par des hordes encagoulées dans un brouillard de gaz lacrymogènes… Les Français se sont malheureusement habitués à ces scènes-là depuis plusieurs décennies. Comme ils se sont aussi habitués aux polémiques politiciennes qui s’ensuivent, mêlant instrumentalisation démagogique, règlement de comptes politiques et critiques d’une justice supposément laxiste. Le dernier épisode en date, qui s’est produit samedi soir à Paris à l’occasion de la victoire du PSG face à l’Inter Milan en finale de la Ligue des champions, ne fait, hélas pas exception à la règle. Au bilan édifiant – deux morts, des dizaines de blessés, plus de 600 interpellations, des rues et magasins saccagés – s’ajoutent désormais les passes d’armes politiques. Entre l’opposition e...

Machine à cash et à rêves

Qui n’a jamais rêvé d’être un jour le gagnant du loto, que l’on soit celui qui joue depuis des années les mêmes numéros en espérant qu’un jour ils constituent enfin la bonne combinaison ou que l’on soit même celui qui ne joue jamais mais qui se projette malgré tout dans la peau d’un gagnant, énumérant ce qu’il ferait avec ces centaines de millions d’euros qui grossiraient son compte en banque. Chacun se prend ainsi à rêver de vacances éternelles au soleil, de voyages au long cours, de montres de bijoux ou de voitures de luxe, de yachts XXL naviguant sur des mers turquoise, de grands restaurants étoilés ou plus simplement de réaliser ses projets longtemps différés faute de financements, de l’achat de sa maison au lancement de son entreprise, ou encore de partager ses gains avec sa famille ou avec ses collègues avec lesquels on a cotisé pour acheter le bulletin. Le loto, c’est une machine à rêver à laquelle chacun s’est adonné une fois dans sa vie et qui rythme toujours le quotidien des ...