Les nouveaux chiffres de l’obésité et du surpoids des Français, établis par une étude coordonnée par des chercheurs de l’Inserm et du CHU de Montpellier et publiée ce mois-ci dans la revue Journal of Clinical Medicine sont alarmants. La prévalence de l’excès de poids concerne désormais quasiment un Français sur deux (47,3 %, dont 17 % de situation d’obésité). Et si ces chiffres ne sont pas très différents des dernières estimations de l’étude Obépi-Roche conduite en 2012, dans le détail, on voit que l’excès de poids fluctue toujours autour de 30 % alors que la prévalence de l’obésité ne cesse d’augmenter à un rythme rapide, passant de 8,5 % en 1997 à 15 % en 2012 et 17 % en 2020. Et si l’on regarde les classes d’âges, on voit que, depuis 1997, l’obésité chez les 18-24 ans a été multipliée par plus de 4, et par près de 3 chez les 25-34 ans.
Une situation qui n’est pas propre à la France : le surpoids et l’obésité qui n’étaient considérés jusqu’à présent que comme un problème des pays à revenus élevés, sont aujourd’hui en forte hausse dans les pays à revenus faibles ou intermédiaires, en particulier en milieu urbain, comme le note l’Organisation mondiale de la santé. L’OMS a d’ailleurs observé qu’au niveau mondial, les jeunes sont bien en première ligne puisqu’entre 1975 et 2016, la prévalence du surpoids ou de l’obésité chez les enfants et adolescents âgés de 5 à 19 ans a été multipliée par plus de quatre, passant de 4 % à 18 % à l’échelle mondiale.
Cette situation appelle à agir urgemment car l’obésité est une problématique de santé publique compte tenu des maladies que peuvent développer ceux qui en souffrent. Elle peut ; en, effet, entraîner diabète de type 2, risque d’hypertension artérielle, d’athérosclérose, de dyslipidémie, de maladies du foie, de maladie rénale chronique, etc. Elle est aussi associée à de nombreux cancers, à des maladies respiratoires ou articulaires.
Pour y faire face, il faut agir sur plusieurs leviers. S’il y a des prédispositions génétiques, on sait aussi que les changements alimentaires et une sédentarité accrue jouent un rôle incontestable dans l’émergence de l’obésité, tout comme, au-delà de l’alimentation et de l’activité physique, le rôle de l’environnement. La prévention, dès lors, est particulièrement importante. Le plan Priorité prévention lancé en 2018 doit être poursuivi et sans doute renforcé. Les progrès dans des traitements médicamenteux et chirurgicaux innovants sont également d’autres leviers d’action.
Mais ce combat contre l’obésité doit aussi se faire avec les personnes concernées qui doivent être accompagnées et soutenues de façon bienveillante. Car ces concitoyens subissent trop souvent des discriminations insidieuses, notamment dans le monde du travail, mais aussi dans les activités de loisirs, dans les transports et sur les réseaux sociaux où la « grossophobie » se diffuse sans réel frein. « Les gros ne sont pas des sous-humains… » témoigne avec dignité et émotion un nos lecteurs. Changer le regard de la société, en finir avec les stéréotypes : l’obésité est aussi l’affaire de tous.
(Editorial publié dans La Dépêche du Midi du lundi 27 février 2023)