Il y a un an, l’impensable se produisait : les troupes russes envahissaient l’Ukraine et Vladimir Poutine déclenchait une guerre qui allait changer le monde. Une « opération militaire spéciale », selon la terminologie du Kremlin, censée libérer le Donbass pro-russe et « dénazifier » l’Ukraine. Cette Blitzkrieg devait être terminée en quelques jours et le jeune président Volodymyr Zelensky déposé et remplacé par un gouvernement fantoche à la botte de Moscou.
Mais rien ne s’est passé comme prévu. Vladimir Poutine avait préjugé de ses forces armées pourtant plus nombreuses, sous-estimé le sentiment patriotique ukrainien et mal évalué la solidité de l’Union européenne et d’un Otan qu’on disait en mort cérébrale.
Galvanisés par leur président, qui est passé d’acteur comique à un incroyable chef de guerre, les Ukrainiens ont résisté de façon héroïque, soutenus par les démocraties occidentales admiratives de voir un peuple debout pour défendre la liberté, la leur et la nôtre. Soixante-dix ans après la fin de la fin de la seconde Guerre mondiale, des images de guerre ont ainsi envahi quotidiennement nos écrans : immeubles éventrés, visages ensanglantés, cadavres par milliers, réfugiés par trains entiers, et au final des villes rasées. De mois en mois, d’offensives en contre-offensives, un conflit dur s’est installé avec toutes les horreurs d’une guerre conventionnelle, auxquels les Russes ont ajouté tortures, massacres et crimes de guerre.
Olena Kourilo |
La guerre en Ukraine a déclenché des crises mondiales en cascade, énergétiques, alimentaires, géopolitiques. Elle a mis à l’épreuve l’unité de l’Union européenne qui a pris des sanctions économiques contre la Russie au risque de déstabiliser les propres économies de ses 27 membres. Mais n’est-ce pas là le prix de la liberté ? Tout comme la livraison d’armes à l’Ukraine n’est rien d’autre que soutenir un pays qui fait corps devant les visées impérialistes d’un Poutine paranoïaque dont on ne sait jusqu’où il irait sinon.
Un an après le déclenchement de la guerre, et alors que flotte un parfum de guerre froide entre États-Unis et Russie, personne n’est en mesure de dire comment vont se dérouler les mois à venir. Mais tous ceux qui sont attachés à l’idée que la démocratie reste le meilleur système qui garantit la liberté, ont la conviction que la Russie ne doit pas gagner.
Depuis un an, des milliers de visages ukrainiens nous ont émus, par leur courage, leur force, leur résilience. S’il ne fallait en retenir qu’un, ce serait celui d’Olena Kourilo, dont le visage couvert de sang et de pansements après une explosion le 24 février 2022 à Tchougouïv a fait le tour du monde. Réfugiée en Pologne, elle va bien, rêve de rentrer chez elle et de créer une fondation pour aider les orphelins ukrainiens.
Aujourd’hui, elle est le visage de l’Ukraine, le visage de la liberté.
(Article publié dans l'édition spéciale de La Dépêche vendredi 24 février 2023)