Depuis l’Antiquité, l’Humanité s’est toujours interrogée sur son destin, s’attachant à connaître ses origines et si elle est seule dans l’univers. Les philosophes grecs supposaient déjà l’existence d’autres civilisations peuplant des exoplanètes dans cet univers dont ils n’avaient pas encore mesuré – scientifiquement parlant – l’immensité. Ce questionnement a irrigué, de siècles en siècles, tous les courants de la pensée humaine, nourrissant la littérature puis le cinéma et plus récemment une foule de séries ; et produisant des œuvres tantôt loufoques – avec les petits hommes verts – apocalyptiques, dystopiques et, parfois, poétiques.
Certaines – 2001, l’Odyssée de l’espace, E.T., Rencontre du 3e type, La 4e dimension – nous ont laissé souvenirs et questionnements, et sont entrées dans le panthéon de la culture populaire. L’engouement de l’opinion autour du phénomène des OVNI, ces objets volants non identifiés, depuis au moins les années 50, a par ailleurs donné lieu à tous les fantasmes, à toutes les théories complotistes, à tous les espoirs aussi d’un contact imminent avec une intelligence extraterrestre. Pour l’heure ce contact-là n’a pas – encore – eu lieu. Mais cela ne veut pas dire qu’il n’aura jamais lieu.
Car pour les scientifiques, la probabilité qu’il y ait dans l’univers une autre civilisation, une autre forme d’intelligence que la nôtre est évidemment grande. C’est pour en capter de potentiels signaux que, depuis les années 60, les chercheurs observent l’espace de façon de plus en plus précise – le télescope James Webb nous offre ces derniers mois de spectaculaires images – et « écoutent » l’univers de façon de plus en plus fine, captant et analysant les signaux radio en provenance du fin fond de la Voie lactée avec une course aux radiotélescopes de plus en plus grands et de plus en plus puissants.
Écouter et enregistrer des quantités phénoménales de signaux dans l’espoir d’y déceler LE signal qui apporterait la preuve d’une intelligence extraterrestre. Tel était le rêve et la conviction de Frank Drake, soutenu par l’astronome Carl Sagan, qui lança aux États-Unis les projets SETI (Search for Extra-Terrestrial Intelligence, ou recherche d’intelligence extraterrestre). Plus de soixante ans après, c’est de ce même institut que des signaux « intéressants » ont été isolés par une équipe de scientifiques le mois dernier. Huit signaux ont ainsi pu être extraits d’une masse considérable d’enregistrements réalisés depuis plusieurs années. Cela n’a été possible que grâce à l’utilisation d’un algorithme qui, tel celui qui cherche une aiguille dans une botte de foin, a permis d’écarter tous les signaux parasites.
Dit autrement, l’intelligence artificielle a été utilisée pour espérer trouver une intelligence extraterrestre. L’IA apparaît dès lors en mesure de révolutionner ces recherches en astronomie comme elle révolutionne déjà la médecine, la finance, l’énergie, les transports, la culture. « Quelque part, quelque chose d’incroyable attend d’être connu » disait Carl Sagan. Et si c’était l’exploration de l’intelligence humaine ?
(Editorial publié dans La Dépêche du Midi du dimanche 5 février 2023)