Accéder au contenu principal

Les ressorts de l'enquête

 

jubillar

Le rebondissement intervenu hier dans l’affaire Jubillar, du nom de cette infirmière de 33 ans disparue dans la nuit du 15 au 16 décembre dernier à Cagnac-les-Mines dans le Tarn, et dont on est sans nouvelles depuis, est important. Après six mois d’enquête, l’interpellation du mari et son placement en garde à vue, constituera – quoi qu’il se passe désormais – une date capitale dans l’enquête ouverte depuis fin décembre pour "enlèvement et séquestration" par le pôle criminel du trlibunal judiciaire de Toulouse.

Cette arrestation permet aussi de mettre en avant la persévérance et l’opiniâtreté des enquêteurs et des magistrats instructeurs. À force de recoupements, d’analyses des déclarations des uns et des autres, de la reconstitution minutieuse des heures précédant et suivant la disparition de Delphine Jubillar, de la reconstitution de l’environnement professionnel, amical, familial et presque intime de la disparue, les enquêteurs ont mis au jour des incohérences qui sont autant de zones d’ombre à éclaircir pour s’approcher de la vérité.

La garde à vue de Cédric Jubillar montre combien ce long travail d’enquête classique, minutieux et discret, lent mais essentiel est important et mérite d’être salué à l’heure où le grand public s’est habitué aux spectaculaires progrès de la police scientifique et à son rôle souvent déterminant dans la résolution d’affaires criminelles. "L’apport considérable de la police technique et scientifique dans l’élucidation des crimes et des délits ne peut que favoriser son développement. Énoncer cette vérité ne doit pas conduire à occulter des faiblesses ou des limites qu’il convient d’identifier pour mieux les surmonter", observait Christan Jalby, ancien sous-directeur à la Direction centrale de la police judiciaire, dans un ouvrage qu’il a publié, "La police technique et scientifique." (Ed. PUF). 

De fait, les techniques de police scientifique qui nourrissent tant de scénarios de séries télé ou de films, sont de formidables outils – d’ailleurs utilisés dans l’affaire Jubillar – mais la science ne saurait constituer une preuve absolue. Seul le travail, la réflexion et l’intelligence des enquêteurs permettent de dégager les mobiles, d’expliquer les actes et finalement de confondre les suspects…

(Editorial publié dans La Dépêche du Midi du jeudi 17 juin 2021)

Posts les plus consultés de ce blog

Se préparer

Voilà un type de courbe que l’on n’avait pas vu depuis longtemps concernant le Covid-19 : une hausse, celle du nouveau variant du coronavirus EG.5. Baptisé Eris, ce cousin d’Omicron croît de façon vertigineuse dans le séquençage de cas positifs au Covid-19 en France comme dans d’autres pays. Beaucoup plus contagieux que ses prédécesseurs, Eris pourrait ainsi s’imposer et devenir majoritaire. Au point de relancer une pandémie mondiale que nous pensions derrière nous ? Nous n’en sommes évidemment pas là, mais l’apparition de ce nouveau variant, tout comme la possibilité de voir survenir des clusters de contamination comme cela vient de se produire aux fêtes de Bayonne, nous interroge légitimement. Même si la couverture vaccinale est bonne en France, la crainte de devoir revivre les conséquences sanitaires et socio-économiques d’un retour de la pandémie est bien dans les esprits. Peut-être aurions-nous dû écouter plus attentivement les spécialistes comme le directeur général de l’Organisa

Entaché

Dix ans après son départ du gouvernement Ayrault, Jérôme Cahuzac, l’ancien ministre du Budget de François Hollande, envisage-t-il son retour en politique ? En tout cas l’intéressé, condamné en appel à deux ans de prison pour fraude fiscale et blanchiment de fraude fiscale, et frappé de cinq années d’inéligibilité, était hier sur le marché de Monsempron-Libos, non loin de Villeneuve-sur-Lot, la ville dont il a été le député et le maire.Fin octobre déjà il participait à une réunion, organisée à huis clos, quelques semaines après le lancement d’une association politique «Les amis de Jérôme Cahuzac». Récemment interrogé par Sud-Ouest pour savoir s’il préparait son retour politique, le septuagénaire, qui avait élu domicile en Corse où il pratiquait la médecine à l’hôpital de Bonifacio, s’est borné à répondre que «tout est une question de circonstances», faisant remarquer qu’ «on fait de la politique pour être élu et agir» et qu’il n’y avait pas d’élections avant 2026, date des prochaines m

Bien manger

C’est un petit logo qui nous est devenu familier lorsque nous faisons nos courses. Impulsé par un règlement européen (INCO) de 2014, établissant des règles pour informer les consommateurs sur la déclaration nutritionnelle ou la liste des ingrédients d’un produit, le Nutri-Score, ses cinq lettres de A à E et ses cinq couleurs de vert à rouge, est désormais bien ancré dans le paysage. De plus en plus présent sur le devant des emballages, on peut même dire que c’est un succès européen puisqu’il est présent non seulement en France, qui l’a introduit en 2017, mais également en Belgique, en Allemagne, au Luxembourg, aux Pays-Bas, en Espagne et même en Suisse, qui ne fait pourtant pas partie de l’Union européenne. Face à des étiquettes qui livrent la composition des produits écrite en tout petits caractères difficilement lisibles, certains consommateurs s’étaient déjà tournés vers des applications comme Yuka. Avec un smartphone, il suffit alors de scanner le code-barres d’un produit pour en a