L’image avait fait le tour du monde. En juillet 2020, l’aéroport de Taipei, a Taïwan, avait permis à 90 personnes tirées au sort parmi 7 000 candidats, de revivre toutes les sensations du voyage en avion avec une simulation de départ en vacances… mais en restant au sol dans l’appareil. Mieux ailleurs, plusieurs compagnies aériennes, comme l’australienne Quantas, avaient proposé des vols… sans destination. Il s’agissait d’embarquer pour quelques heures dans le ciel avant de revenir au point de départ. En 10 minutes, les billets vendus jusqu’à 2 300 euros avaient trouvé preneurs. Ces exemples, très insolites et pas très écologiques, montrent combien la nostalgie du voyage a frappé l’humanité – du moins celle qui en a les moyens – lorsque la pandémie de Covid-19 s’est répandue dans le monde début 2020.
L’émergence des compagnies low cost et la facilité avec laquelle on peut réserver un hôtel ou un séjour n’importe où dans le monde via internet ont bouleversé notre façon de voyager, devenue plus fréquente et plus abordable, réduisant les distances, rétrécissant la planète à la taille du village global et favorisant les échanges, tous les échanges. Dès lors pas étonnant que lorsque le coronavirus est apparu, le secteur aérien fut l’un des premiers impacté. Et quel impact !
Depuis les attentats du 11-Septembre, l’aviation mondiale n’avait pas connu une telle crise : – 66 % du trafic passagers mondial. Des constructeurs d’avions aux aéroports en passant par tous les métiers qui de près ou de loin travaillent pour l’aérien, le choc a été redoutable. Le retour au niveau d’avant crise sera long, sans doute pas avant 2024. Ce qui serait déjà une performance car lors de la crise des subprimes en 2008 aux États-Unis, il avait fallu attendre 2014 pour dépasser le niveau de trafic et de chiffres d’affaires de 2007…
Mais contrairement à 2008, la crise du Covid devrait avoir un impact plus structurel sur le secteur. Les besoins vont évoluer entre avion vert – une « Alliance pour l’Aviation Zéro Émission » vient de voir le jour – drones taxis, réaménagement des aéroports, etc. Des défis que le secteur aérien peut relever car il a déjà montré sa grande résilience, mais aussi parce qu’il reste ancré dans l’humanité un inextinguible goût du voyage.
(Editorial publié dans La Dépêche du Midi du mercredi 23 juin 2021)