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Surmonter la crise

 

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Le bio est-il à un tournant, entre crise de croissance et crise de foi, tant du côté des producteurs, des distributeurs que des consommateurs ? En tout cas, après des années de croissance, le marché des produits bio connaît un net ralentissement en France. Selon une étude de l’Agence bio, la consommation de produits bio a ainsi baissé de 5 % en 2022, passant de 13 milliards d’euros en 2020 à 12,4 milliards en 2022. Une baisse qui s’explique par plusieurs facteurs, liés à la crise sanitaire du Covid et à l’envolée de l’inflation dans l’alimentaire.

La pandémie de Covid-19 a, en effet, bouleversé les habitudes alimentaires des Français. Avec les confinements successifs, les fermetures des restaurants et des cantines et la généralisation du télétravail, les consommateurs ont privilégié des produits souvent moins chers et plus accessibles que les produits bio. Les circuits courts, qui représentent près de 30 % des ventes de produits bio, ont également souffert des restrictions de déplacement et des mesures sanitaires.

Après la crise du Covid, le retour de l’inflation a, d’évidence, pesé sur le pouvoir d’achat des ménages. Les Français ont réduit leurs dépenses alimentaires et se sont tournés vers des produits moins onéreux que les produits bio qui restent plus chers que les produits conventionnels, avec un surcoût moyen de 36 %. Selon un sondage Ifop, 62 % des Français estiment d’ailleurs que le prix est le principal frein à l’achat de produits bio.

Enfin, l’organisation de la filière elle-même a érodé la confiance des consommateurs dans le label bio. Les controverses sur la qualité des produits bio importés ou transformés, notamment, ont rendu les Français de plus en plus méfiants vis-à-vis du logo AB. 54 % d’entre eux doutent de la fiabilité du label bio et 49 % pensent que les produits bio ne sont pas meilleurs pour la santé que les produits conventionnels.

Cette baisse de la consommation de produits bio est évidemment une mauvaise nouvelle pour les distributeurs et pour les agriculteurs biologiques, qui représentent près de 12 % des exploitants, et font de la France le premier pays européen en termes de surfaces bio. Chez les premiers, de nombreux magasins ont dû fermer leurs portes. Chez les seconds, confrontés de plus à une concurrence étrangère souvent moins respectueuse des normes environnementales et sociales, beaucoup ont jeté l’éponge pour revenir à une agriculture conventionnelle.

Face à cette situation, pour relancer le marché des produits bio, il faut d’abord soutenir ces agriculteurs bio en leur garantissant notamment un prix rémunérateur. L’élaboration en Occitanie, première région bio de France, d’un nouveau plan Bi’O pour la période 2023-2027 est à cet égard une bonne chose.

Autre levier, le renforcement des contrôles et de la traçabilité des produits bio. Enfin il faut continuer à sensibiliser les consommateurs aux bénéfices du bio, bon pour leur santé, pour l’environnement et pour l’économie locale. La première Semaine de l’Agriculture Bio en Occitanie qui s’est tenue fin septembre participe de cet effort en faveur du bio qui, en préservant la biodiversité et la souveraineté alimentaire, doit rester un moteur de la transition agroécologique.

(Editorial publié dans La Dépêche du Midi du jeudi 2 novembre 2023)
 

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