La pandémie de Covid-19 a été une crise évidemment sanitaire mais aussi économique avec des conséquences dramatiques pour des millions de salariés et d’entreprises. Au fur et à mesure de la progression du coronavirus, des pans entiers de l’activité économique du pays se sont arrêtés, du secteur aérien qui a subi l’une des pires baisses du trafic mondial au secteur du BTP, de l’hôtellerie-restauration au secteur culturel dont les établissements ont été fermés en raison des confinements et couvre-feux successifs. Heureusement, l’État, mais aussi de nombreuses collectivités territoriales, dont les régions, sont intervenus pour amortir le contrechoc de l’épidémie, instaurant ici du chômage partiel pour les salariés et là des aides pour soutenir les entreprises et leur éviter la faillite. Fonds de solidarité, exonérations de charges, financement de l’activité partielle et prêts garantis par l’État (PGE, 145 milliards d’euros en deux ans).
L’intervention, rapide et massive, de cet État providence qui semblait ne plus être dans l’air du temps face à des options beaucoup plus libérales a été capitale, en France comme dans les autres pays européens. Le « quoi qu’il en coûte », selon l’expression d’Emmanuel Macron, a joué pleinement son rôle pour éviter « l’effondrement » économique qu’évoquait Edouard Philippe au début de l’épidémie. Chacun se doutait cependant qu’une fois la crise sanitaire passée, le « retour à la normale » ne se ferait peut-être pas sans heurts pour nombre d’entreprises notamment les sociétés « zombies » qui étaient en difficultés avant la crise et dont la survie a été artificiellement prolongée par ces aides.
Toutefois, le boom des faillites redouté par certains n’a pas eu lieu à la rentrée 2021 dans un contexte de reprise. Les défaillances d’entreprises sont restées encore à un niveau faible au premier semestre 2022 par rapport à l’avant-Covid. Mais la situation pourrait rapidement empirer car les entreprises doivent rembourser leurs PGE lorsqu’elles en ont souscrit un et, surtout, faire face à un nouveau contexte économique difficile avec l’inflation galopante due à la guerre en Ukraine et une crise de l’énergie jamais vue depuis les derniers chocs pétroliers des années 70. À cela s’ajoutent pour certains secteurs de fortes perturbations sur les approvisionnements en matières premières. Au final, nombre de sociétés, dont l’activité est plus faible qu’espérée, craignent pour leur avenir et voient ressurgir le spectre de la faillite. C’est particulièrement vrai pour les petites voire très petites entreprises, ce qui a conduit le Syndicat des indépendants et des TPE (SDI) à tirer le signal d’alarme et réclamer l’aide de l’État qui pour l’heure temporise.
La crainte de voir le pays confronté à une explosion de faillites au moment du Covid a, en tout cas, permis de donner un coup de projecteur sur les difficultés des entreprises. En février 2021, la mission « Justice économique » a ainsi fait de nombreuses recommandations : meilleure information, détection précoce des entreprises en difficulté, accompagnement, procédures judiciaires de prévention. Toutes ces pistes restent encore à mettre en place pour redonner des perspectives et faire en sorte que la faillite ne soit pas une fatalité.
(Editorial publié dans La Dépêche du Midi du mercredi 14 septembre 2022)