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Les vieux du volant

 

seniors

C’est un sujet récurrent qui revient dans l’actualité : le conditionnement du permis de conduire à une visite médicale. Et comme les fois précédentes, cette épineuse question est mal appréhendée puisqu’elle se traduit dans l’opinion par la crainte de voir imposé un contrôle médical couperet obligatoire qui concernerait prioritairement les seniors.

Chaque fois que le sujet revient sur la table, ces derniers se sentent pointés du doigt alors même qu’ils ne provoquent pas plus d’accidents de la route que d’autres tranches d’âge. Mais les clichés, au gré de faits divers spectaculaires ou tragiques, ont la vie dure et les vieux du volant sont supposés être des fous du volant potentiels, d’inconscients seniors qui ne devraient leur survie sur la route que grâce à la vigilance des autres automobilistes. Rien n’est plus faux évidemment.

La dernière enquête de la Fondation Vinci Autoroutes sur les seniors au volant, publiée ce mois-ci, montre bien au contraire qu’en avançant en âge, nombreux sont ceux qui adaptent leur comportement pour se sentir plus en sécurité sur la route et ne pas représenter un danger pour les autres usagers. 81 % roulent moins vite qu’auparavant et font plus de pauses lors des longs trajets, beaucoup renoncent à la conduite de nuit. Mieux, une large majorité (67 %) est consciente d’avoir des réflexes émoussés et souhaiterait bénéficier de mesures pour entretenir leurs capacités de conduite ou pour effectuer des stages de remise à niveau. L’envie de pouvoir continuer à conduire en sécurité pour eux-mêmes et les autres est d’autant plus forte que l’automobile est souvent un élément clé de leur vie quotidienne et sociale, sans laquelle ils seraient relégués dans un insupportable isolement. Et cela est particulièrement vrai en zone rurale ou, faute d’une alternative en transports en commun suffisants, la voiture est indispensable.

Le débat récurrent sur la fin du permis à vie – que d’autres pays européens ont résolu depuis longtemps – mériterait au contraire d’élargir la focale au-delà du seul cercle des conducteurs seniors qui seront d’ailleurs de plus en plus nombreux – selon l’Insee, le nombre des 75 ans ou plus devrait croître de 5,7 millions à 12,1 millions de personnes soit 18 % de la population contre 9 % en 2019.

La vraie question est, en effet, l’instauration d’un contrôle des aptitudes physiques pour tout le monde à intervalles réguliers et cela dès le début de la vie de conducteur. C’est ce que proposent le Parlement et le Conseil européens dans leur réforme du permis de conduire validée ce mois-ci. Ils suggèrent aux États membres de faire passer un examen médical, notamment un examen de la vue et un examen cardiovasculaire, avant la première délivrance d’un permis de conduire puis de façon régulière. Charge aux États membres de définir les modalités des mesures entre convaincre de leur bien-fondé et contraindre.

Un autre point qui mériterait attention est la formation des conducteurs qui pourrait être améliorée et entretenue tout au long de la vie. Les seniors avec leurs années d’expérience pourraient d’ailleurs en remontrer à certains…

(Editorial publié dans La Dépêche du Midi du dimanche 6 avril 2025)

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