Nous avions commencé l’année 2023 plongés dans la guerre en Ukraine dont les combats s’enchaînaient depuis un an, nous commençons l’année 2024 par une autre guerre qui fait rage, au Proche-Orient, entre Israël et le Hamas. Deux guerres à nos portes, différentes mais qui toutes deux questionnent autant nos valeurs démocratiques que notre conception de l’Homme et de ses Droits ; deux guerres qui s’ajoutent à tant d’autres conflits qui traversent le monde en Somalie, au Yémen, en République démocratique du Congo. Deux guerres qui sont en train de bouleverser l’ordre international né de la Seconde Guerre mondiale. Sur l’Ukraine comme sur le conflit israélo-palestinien, on a ainsi entraperçu ce que l’on appelle le Sud Global, cet ensemble hétérogène de pays très différents – Brésil, Inde, Afrique du Sud, Chine, Arabie saoudite, etc. – qui nouent des alliances mais n’ont parfois pour seul point commun que leur volonté de s’affranchir des États-Unis et de l’Occident, on l’a vu lors des votes des résolutions de l’ONU.
Ce nouveau monde multipolaire, archipélisé, plein d’incertitudes va se trouver bousculé en 2024 par de nombreux scrutins puisque deux tiers des électeurs de la planète vont être appelés aux urnes cette année, notamment aux États-Unis, en Inde, en Russie, à Taïwan, en Grande Bretagne ou dans l’Union européenne. Des élections pour beaucoup sous pression des populistes et des nationalistes, qui vont constituer autant de rendez-vous cruciaux pour les peuples, amenés à choisir entre le repli identitaire et l’ouverture, entre le chacun pour soi et la collaboration.
Collaborer justement serait pourtant tellement essentiel pour relever les grands défis de notre temps qui se jouent des frontières : le réchauffement climatique qui constitue année après année une menace de plus en plus concrète pour l’humanité ; l’intelligence artificielle dont les spectaculaires promesses de progrès dans la science, la médecine ou la création artistique s’accompagnent de potentielles sombres dérives ; mais aussi ces défis plus anciens que le monde n’a pas su ou pas voulu relever comme la faim, la misère, les inégalités.
Mais derrière ces bouleversements, derrière ces menaces, derrière ces dangers, il y a aussi l’espoir d’un monde meilleur, solidaire, fraternel. Les Jeux olympiques de Paris – aussi critiquables soient-ils – restent l’un des rares moments où tous les pays se retrouveront, égaux devant les épreuves sportives, et on ne peut que souhaiter que la trêve olympique s’accompagne d’une vraie trêve dans les conflits.
L’espoir aussi s’incarne dans le combat de toutes celles et ceux qui luttent pour la liberté, la paix et ne baissent pas les bras. On pense aux dissidents qui, de la Russie à la Chine, se battent contre l’arbitraire comme aux femmes iraniennes, auréolées d’un prix Nobel de la paix et du prix Sakharov de l’Union européenne, qui portent haut l’universalisme et l’humanisme qui se sont en grande partie forgés chez nous, en France. Comme on pense à tous ceux, élus, bénévoles et citoyens qui font vivre au quotidien dans nos villes et nos villages la fraternité qui cimente notre nation.
Ces combats nous obligent tous parce que comme le disait Jean Jaurès dans son discours à la jeunesse, il y a 110 ans, en janvier 1914, quelques mois avant le fracas de la Grande guerre, « l’affirmation de la paix est le plus grand des combats ».
(Editorial publié dans La Dépêche du Midi du lundi 1er janvier 2024)