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Fatale imprudence

« La moindre imprudence peut nous coûter la vie, et pire encore : la liberté » disait Jacques Mesrine. Xavier Dupont de Ligonnès n'a peut-être rien d'un braqueur multirécidiviste, mais il pourrait faire sienne cette phrase de l'ex-ennemi public n° 1 de la France des années 70, car il était devenu depuis 2011 l'homme le plus recherché de France pour le meurtre de sa femme Agnès et de ses quatre enfants, Arthur, Thomas, Anne et Benoît. Hier, en Ecosse, loin de Nantes où il vécut, il a d'évidence commis une fatale imprudence, en entamant un voyage en avion sans se douter qu'il était frappé par une dénonciation anonyme.

Xavier Dupont de Ligonnès, le principal suspect du terrible quadruple meurtre, a été arrêté hier à l'aéroport de Glasgow, confondu par ses empreintes digitales. Lui qui avait changé d'identité et d'apparence en recourant semble-t-il à la chirurgie esthétique, a été interpellé grâce à la part la plus intime et la plus unique de chaque individu, puisqu'il n'y a qu'une chance sur 64 milliards que deux personnes aient les mêmes empreintes.

Pendant huit années, Xavier Dupont de Ligonnès se sera joué des enquêteurs, baladés entre fausses pistes et témoignages fantaisistes. Mais pendant huit ans, gendarmes et policiers, français et étrangers via le réseau Interpol, n'ont jamais abandonné. Cette fin de cavale souligne aussi combien, dans l'ombre, loin des projecteurs, tous les jours, ces hommes et femmes poursuivent avec un grand professionnalisme et une détermination sans faille la traque des criminels.

Maintenant commence une autre étape dans cette affaire qui a passionné les Français ; maintenant vient le temps des questions. Comment De Ligonnès a-t-il pu berner tout le monde dans notre société où il est de plus en plus difficile de ne pas laisser de trace ? A-t-il bénéficié de complicité ? Qui a protégé sa fuite ? Qui l'a dénoncé et pourquoi ?

L'affaire Dupont de Ligonnès vient de connaître un spectaculaire et inattendu coup de théâtre, mais la pièce est loin d'être terminée…

(Editorial publié dans La Dépêche du Midi du samedi 12 octobre 2019)

Des explications 

L'éditorial ci dessus a été publié dans l'édition du samedi 12 octobre dont l'édition a été bouclée vers 23h15 la veille. À ce moment-là, vendredi 11 octobre au soir, la rédaction a réalisé deux pages spéciales pour rendre compte de cet incroyable rebondissement dans l'affaire Dupont de Ligonnès : l'arrestation du principal suspect disparu depuis huit ans.
Comme la plupart des médias français abonnés aux dépêches de l'Agence France Presse (AFP) La Dépêche a relayé les informations fournies par cette dernière. L'AFP a ainsi annoncé l'arrestation de De Ligonnès sur la foi de 4 sources distinctes proches de l'enquête française. Des sources qui confirmaient que la police écossaise avait établi une correspondance entre les empreintes digitales de l'individu arrêté et celles de Xavier Dupont de Ligonnès.
La Dépêche a également constaté vendredi soir que des médias écossais avaient repris tardivement ces informations sur leurs sites internet sans émettre le moindre doute sur la véracité de cette information.
Cette correspondance des empreintes annoncée comme certaine a été mise en doute puis finalement infirmée par des tests ADN samedi 12 octobre, jetant un trouble légitime parmi les lecteurs face à cette information qui s'est donc avérée étonnée.
Malgré les précautions prises, la rédaction a donc relayé en toute bonne foi une information qui, de certaine, s'est avérée erronée. Nous le regrettons vivement. Cette séquence nous invite à redoubler de vigilance à l'avenir pour préserver la qualité de nos informations et la confiance que vous nous témoignez. 

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