Photo Wikipedia Cécile Pallarès Brzezinski |
L'incendie qui a ravagé hier la toiture de la cathédrale Notre-Dame de Paris, les flammes qui ont fait s'effondrer sur elle-même la flèche de l'édifice le plus visité de la capitale sont un drame qui résonne en chacun d'entre nous. Qu'on soit Parisien ou provincial, qu'on soit chrétien, musulman, juif ou athée, l'émotion qui nous a étreint hier soir devant nos postes de télévision est celle que l'on ressent lorsqu'un symbole de la France est atteint. Car la cathédrale Notre-Dame est depuis longtemps bien plus qu'un simple lieu de culte. Avant même l'ère chrétienne où un temple gallo-romain dédié à Jupiter existait à son emplacement jusqu'à nos jours où des travaux colossaux étaient entrepris pour préserver ses trésors architecturaux, la cathédrale s'est inscrite dans l'Histoire de France, religieusement, politiquement, architecturalement et artistiquement aussi. Notre-Dame reflète depuis des siècles toutes les étapes de notre Histoire nationale, de l'émergence du nouvel art gothique à celle du baroque, de la Révolution au couronnement de Napoléon Bonaparte, les joies et les drames intimes et collectifs du peuple de Paris comme du pays entier sont lisibles au travers de Notre-Dame de Paris.
« Chaque flot du temps superpose son alluvion, chaque race dépose sa couche sur le monument, chaque individu apporte sa pierre. Ainsi font les castors, ainsi font abeilles, ainsi font les hommes. Le grand symbole de l'architecture Babel, est une ruche. » Dans Notre-Dame de Paris, paru en 1831, alors même que des émeutiers anti-légitimistes pillèrent l'édifice, Victor Hugo saisissait l'essence de ce que représentait, déjà, Notre-Dame de Paris et contribua ainsi à sauver un chef-d'œuvre alors en Péril. 188 ans après Hugo, Notre-Dame se retrouve aujourd'hui en péril. Nul doute que l'émotion va laisser place à la mobilisation pour entamer sa restauration.
(Editorial publié dans La Dépêche du Midi du mardi 16 avril 2019)