Pâques, la plus importante fête du christianisme, aura été marquée cette année de larmes et de sang. D'un côté, les larmes de voir la cathédrale Notre-Dame de Paris, haut lieu cultuel et culturel mondial, ravagée par un incendie historique. De l'autre, le sang versé dans de terribles attaques terroristes perpétrées hier au Sri Lanka dans plusieurs églises et des hôtels, faisant plus 200 morts et des centaines de blessés. Un accident d'un côté qui touche, au plus profond, croyants de toutes confessions et incroyants de tous pays, et qui a créé un élan international de solidarité pour rebâtir au plus vite cette symbolique « Notre-Dame du monde ». Un attentat de l'autre qui doit appeler une solidarité sans faille encore plus grande car des hommes et des femmes ont été sciemment visés pour leurs convictions.
Cette série d'attaques sans précédent au Sri Lanka illustre, hélas, les tensions inter-religieuses qui persistent toujours voire s'amplifient dans ce pays de 22 millions d'habitants, mais aussi plus généralement les persécutions qui ont cours partout dans le monde contre des minorités religieuses, qu'il s'agisse de chrétiens d'Orient, de Coptes en Egypte, de Ouïghours en Chine et donc de chrétiens au Sri Lanka, lesquels ne représentent que 7,4 % de la population.
Depuis la fin de la sanglante guerre civile avec les séparatistes tamouls en 2009, le calme semblait pourtant revenu au Sri Lanka, mais, ces derniers mois, des attaques contre les chrétiens et les musulmans se sont multipliées sous la pression de bouddhistes extrémistes. C'est dans ce climat de tensions politico-religieuses qu'ont eu lieu hier ces attaques qui montrent – si besoin était – que l'obscurantisme et l'intolérance nourrissent toujours le terrorisme et le fanatisme, ce « monstre qui ose se dire le fils de la religion » dénonçait Voltaire. Plus que jamais, le combat contre ce monstre mérite la mobilisation de tous ceux qui veulent la victoire de la paix sur la haine.
(Editorial publié dans La Dépêche du Midi du lundi 22 avril 2019)