Le sismomètre français SEIS déployé sur Mars. Photo NASA |
C'est une découverte scientifique majeure qui vient d'être réalisée sur Mars : la détection d'un tremblement du sol martien. 130 ans après les débuts de la sismologie sur Terre et 50 ans après le premier sismomètre déployé par Apollo 11 sur la Lune en juillet 1969, la planète rouge devient ainsi le troisième corps tellurique de notre système solaire à être étudié par les sismologues. Cette avancée est aujourd'hui une bonne nouvelle dans trois domaines.
Le premier est bien sûr scientifique. La détection de ces signaux sismiques, leur confirmation et l'exploitation qui va en être faite va permettre de mieux comprendre comment s'est formé Mars, cette planète dont on découvre, année après année, mission après mission depuis les années 60, des caractéristiques qui laissent à penser qu'il y a bien eu de la vie, et donc qu'il pourrait à nouveau y en avoir. Cela fait plus de vingt ans que les scientifiques espéraient déployer avec succès un sismomètre sur la planète rouge. Ils ont eu raison de persévérer et peuvent se réjouir du premier succès si rapide de la mission InSight.
Le second domaine où la découverte d'hier est importante est politique. Le sismomètre SEIS qui a détecté les secousses a été conçu à Toulouse sous la houlette du Centre national d'études spatiales et de l'Institut de physique du globe de Paris, avec la participation de nombreux laboratoire du CNRS. Il montre que la France – et donc l'Europe – est un acteur de poids dans le domaine spatial, et un partenaire incontournable, ici des Etats-Unis. Ce succès rejaillit également sur la communauté scientifique de Toulouse qui fait plus que jamais de la Ville rose la capitale du spatial, et montre que l'Etat a raison de mettre – et on l'espère d'augmenter – des moyens dans la recherche scientifique, pour permettre de telles découvertes, qui contribuent au développement économique et technologique de la nation.
Enfin, le troisième domaine où cette découverte est importante est tout simplement d'ordre civilisationnel. L'exploration de Mars, et plus largement la conquête spatiale, résonne en chacun d'entre nous. Qui n'a pas été marqué par un livre, un film, ou le témoignage d'un de nos astronautes de retour de la station spatiale internationale ? Qui n'espère pas aujourd'hui voir un jour l'Homme fouler le sol de Mars comme il a foulé le sol de la Lune ? Il y a dans l'immensité de l'univers, matière à se dépasser. Dans la conquête de l'espace, il y a pour l'Homme la conquête de sa propre Humanité.
(Editorial publié dans La Dépêche du Midi du mercredi 24 avril 2019)