Le politique du logement constitue depuis 2017 un angle mort du macronisme. Le sujet n’a, en effet, que peu intéressé Emmanuel Macron au point qu’en mai 2022, juste après sa réélection, le gouvernement Borne ne comprenait pas de ministre du Logement, ni de ministre délégué et encore moins de secrétaire d’État. Le logement se trouvait alors fondu dans le tentaculaire ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires. Une situation inédite qui avait, à l’époque, ému l’ensemble des professionnels du secteur. L’exécutif avait ensuite corrigé le tir en nommant Olivier Klein, ministre délégué chargé de la Ville et du Logement, qui a piloté le lancement en novembre 2022 du Conseil national de la rénovation (CNR) dédié au logement. Sept mois plus tard, Elisabeth Borne montait en première ligne pour en présenter les conclusions et une série de mesures. Prolongation mais forte restriction du prêt à taux zéro (PTZ), fin du dispositif Pinel d’investissement locatif, aides à la location et soutien à la construction via le rachat de logements aux promoteurs par Action logement et la Caisse des dépôts…
Un plan d’action qui avait laissé dubitatifs les professionnels de l’immobilier, les uns le trouvant « minimaliste, imprécis » comme Véronique Bédague, PDG de Nexity, premier promoteur immobilier, d’autres masquant mal leur « déception » comme Emmanuelle Cosse, présidente de l’Union sociale pour l’habitat, voire leur désapprobation comme l’ancienne ministre Sylvia Pinel à l’origine du dispositif qui porte son nom. « Il n’y a pas de mesure magique, seule et unique, qui permettrait de débloquer la situation », rétorquait la Première ministre quand son ministre concédait qu’il y avait « un risque de bombe sociale » lié à la violente crise du secteur.
Car la crise immobilière, protéiforme, touche autant les propriétaires que les locataires alors que la construction neuve est en chute libre, que la location est grippée et que le mal-logement touche près de 4,1 millions de personnes. Le marché locatif est peut-être celui qui inquiète le plus. Face à une envolée des taux de crédit immobilier, de nombreux Français ne parviennent plus à accéder à la propriété et restent donc locataires. Quant aux propriétaires, certains finissent par se séparer de leurs biens locatifs en raison d’une réglementation trop contraignante, notamment concernant l’interdiction de la location des passoires thermiques, ce qui fait mécaniquement augmenter la pénurie d’appartements à louer.
Si l’on ajoute le fait qu’une partie du parc locatif est louée en meublés touristiques sur des plates-formes de type Airbnb, que les prix de location sont parfois démesurés, que les conditions demandées aux locataires sont exorbitantes voire inatteignables pour beaucoup, et notamment les étudiants qui subissent un épuisant parcours du combattant, que l’encadrement des loyers dans certaines villes en tension n’est pas bien respecté, alors oui, le risque d’une bombe sociale est bien là.
Il y a urgence pour le gouvernement et la société à trouver un démineur et faire du logement une priorité…
(Editorial publié dans La Dépêche du Midi du lundi 4 septembre 2023)