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Patrimoine(s)

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Avec la fête de la musique en juin, les Journée du patrimoine de septembre, qui célèbrent cette année leurs quarante ans d'existence, sont incontestablement l’un des rendez-vous préférés des Français, qui en font tous les ans un immense succès. Depuis que Jack Lang les a lancées en 1984, ces journées très populaires – devenues européennes en 1991 – attirent toujours un public nombreux car elles restent, avec quelques grands moments sportifs, la Fête nationale ou les drames qui ces dernières années ont soudé le pays, un rare moment d’unité nationale, ce qui n’est pas rien dans une société de plus en plus polarisée.

Le temps d’un week-end, en effet, les Français se retrouvent, quelles que soient leurs origines ou leurs convictions, pour célébrer partout sur le territoire, en métropole et outre-mer, leur patrimoine, cette richesse nationale qui fait de la France la première nation touristique mondiale. Ou plutôt leurs patrimoines au pluriel. Il y a bien sûr ces grands monuments connus du monde entier, du château de Versailles aux remparts de Carcassonne, du musée du Louvre au Palais de l’Elysée, du Mont Saint-Michel aux châteaux de la Loire en passant par Notre-Dame de Paris dont l’incendie avait bouleversé les Français et le monde. Il y a ensuite cet immense maillage dans les départements et les préfectures de bâtiments et de sites classés ou inscrits aux monuments historiques, qui font l’objet d’une réelle attention tant des services de l’État que de ceux des collectivités locales. Et puis il y a le petit patrimoine, vernaculaire, très local, peut-être insignifiant au regard du grand livre de l’Histoire de France mais tellement important dans la vie des habitants qui vivent autour de lui et en font un repère du quotidien. Ici une église, là un lavoir, plus loin une collégiale, un manoir remarquable ou une simple chapelle qui tiennent grâce à l'implication de milliers de bénévoles associatifs.

Comme autrefois les grands monuments dont on disait qu’ils étaient des chefs-d’œuvre en péril, cette myriade de petits monuments, essentiellement d’origine religieuse, est aujourd’hui en bien mauvais état. Sur 50 000 lieux de culte en France, environ 2 500 à 3 000 édifices, bousculés par les conséquences du réchauffement climatiques ou tout simplement le temps qui passe, craquellent, se fissurent et menacent ruine si des travaux nécessaires à leur restauration ne sont pas rapidement entrepris. Des chantiers complexes et onéreux, très souvent hors de portée des budgets des petites communes à qui ces édifices appartiennent.

Dans un pays où le patrimoine est une véritable passion, peut-on laisser partir ces monuments qui ont rythmé la vie de nos aïeux et constituent une part de notre identité, au-delà de toute considération cultuelle ? Poser la question, c’est bien sûr y répondre et l’initiative d’une collecte nationale destinée uniquement aux communes de moins 10 000 habitants qu’a lancée hier Emmanuel Macron est une bonne chose pour peu que l’on conserve un cadre national dans la sélection et les modalités.

Préserver notre patrimoine, c’est non seulement se montrer digne de notre héritage, mais aussi concevoir qu’au-delà de tout, nous avons pour notre pays l’ambition d’un avenir commun.

(Editorial publié dans La Dépêche du Midi du samedi 16 septembre 2023)

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