À quelques jours du lancement d’Octobre rose, la campagne annuelle de communication destinée à sensibiliser les femmes à l’importance du dépistage du cancer du sein – et à récolter des fonds pour la recherche – l’annonce d’OSE Immunotherapeutics apporte une nouvelle bouffée d’espoir dans la longue lutte contre le cancer. Cette société de biotechnologie nantaise vient, en effet, de publier des résultats positifs de phase 3 de Tedopi, son vaccin contre le cancer du poumon, l’un des plus meurtriers, responsable de 1,8 million de décès dans le monde selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS) dont plus de 22 000 en France. Ce vaccin pourrait recevoir son autorisation de mise sur le marché en 2027.
Dans la lutte contre les cancers, l’idée du vaccin a pris corps déjà l’an passé lorsque les cofondateurs de BioNtech, la start-up allemande qui s’était associée avec Pfizer pour développer le vaccin contre le Covid-19, s’étaient dits convaincus que les travaux réalisés pour ce dernier avec l’ARN messager pouvaient servir à développer des vaccins contre différents types de cancers. Depuis, de nombreux laboratoires se sont lancés et certains ont obtenu des résultats prometteurs pour lutter contre les cancers de la peau, du pancréas et donc du poumon.
Certes, il convient d’être prudent. Par le passé des promesses de traitements révolutionnaires se sont révélées n’être que de simples effets d’annonce. Ensuite, ces vaccins ne concerneront d’abord que certains malades, à certains stades de leur maladie. Mais tout de même, l’arrivée de nouveaux outils pour les médecins est une bonne nouvelle pour mener le combat du siècle face au mal du siècle, qui coûte la vie à quelque 10 millions de personnes dans le monde chaque année.
L’annonce d’OSE Immunotherapeutics, les travaux d’autres laboratoires comme Moderna et même Pierre Fabre, qui vient de racheter une biotech suisse, montrent que la recherche scientifique, publique ou privée, dans la lutte contre le cancer avance à grands pas. Le rêve de « guérir les cancers une bonne fois pour toutes », comme l’espérait l’an passé le président américain Joe Biden en se fixant pour objectif de réduire la mortalité liée au cancer de 50 % en 25 ans aux États-Unis, est plus que jamais à portée de main. À condition que les financements suivent…
Car l’argent reste le nerf de la guerre et, en Europe, la France, en dépit de la qualité de ses chercheurs, n’en fait pas suffisamment, comme l’a souligné le Pr Alain Fischer, l’ex-monsieur vaccin. « Moyens insuffisants, stratégie peu lisible, organisation complexe sous une administration trop lourde, perte de vocations… Quel que soit l’indicateur observé, pour la recherche scientifique en général et la recherche en santé en particulier, notre pays n’est pas au rendez-vous », estimait-il dans un rapport pour Terra Nova. Quant à l’Europe, « les politiques nationales de recherche restent largement isolées les unes des autres. Deux décennies marquées par un mouvement réussi vers l’union économique et monétaire n’ont pas vu l’émergence d’un espace européen intégré pour la science et la technologie », déplorait Maria Leptin, présidente du Conseil Européen de la Recherche.
Face au Covid, l’Europe a su mobiliser tous les moyens humains et financiers pour faire accélérer la recherche. Face au cancer, il faut maintenant le même état d’esprit.
(Editorial publié dans La Dépêche du Midi du lundi 18 septembre 2023)