Photo Vinci autoroutes |
Le long week-end de l’Ascension va lancer sur les routes de France des milliers d’automobilistes en partance pour quelques jours de repos en famille ou entre amis. Et une bonne part d’entre eux va utiliser le réseau autoroutier français, l’un des plus sûrs d’Europe. Ce premier départ massif, qui préfigure les grands chassés-croisés de l’été, est peut-être l’occasion de réfléchir collectivement, à l’heure de la transition et de la planification écologiques, comment nous nous déplaçons, ce qui suppose de se pencher sur les infrastructures, les véhicules et les automobilistes.
Concernant les infrastructures, l’entretien des quelque 12 000 kilomètres d’autoroutes, dont 9 000 sont à péage, est une priorité majeure. Refaire les revêtements, les terre-pleins, les aires, améliorer les signalisations ou élargir les voies : les travaux sont colossaux. Par exemple, le Plan de Relance Autoroutier (PRA) signé en 2015 entre le gouvernement et les principaux concessionnaires autoroutiers a acté un vaste programme d’investissement de 3,27 milliards d’euros, supporté par les sociétés d’autoroutes. Si ces travaux, parfois très longs voire retardés – comme sur l’A61 entre Toulouse et Narbonne – agacent légitimement les automobilistes qui aimeraient une compensation sur le prix du péage, ils sont d’autant plus nécessaires qu’ils contribuent aussi dans certaines régions, dont la nôtre, à un rattrapage en termes d’offre et de qualité des infrastructures par rapport à des régions qui, historiquement, étaient mieux dotées. Le doublement de l’A9 à Montpellier, le passage en 2 fois 3 voies sur l’A61 ou encore la future autoroute Castres-Toulouse sont autant de chantiers qui ont été ou sont encore très attendus en Occitanie…
La seconde réflexion concerne les véhicules qui empruntent le réseau autoroutier et qui sont amenés à connaître des bouleversements. À l’heure où la voiture électrique connaît un spectaculaire engouement – les ventes ont doublé en 2021 selon un rapport de l’Agence internationale de l’énergie paru lundi – il conviendra d’adapter les infrastructures autoroutières pour permettre à ces véhicules de pouvoir recharger leurs batteries. La réflexion sur la conduite autonome (partielle puis totale) sera aussi l’occasion de repenser notre façon de concevoir nos déplacements autoroutiers.
Enfin, la réflexion doit aussi porter sur les automobilistes eux-mêmes et leur comportement. Si l’autoroute est sûre, les conducteurs ne sont parfois, eux, sûrs de rien… La publication hier du 12e « Baromètre de la conduite responsable » de la Fondation Vinci Autoroutes est à cet égard édifiante : 84 % des conducteurs admettent qu’il leur arrive de quitter la route du regard pendant plus de 2 secondes (soit l’équivalent, à 130 km/h, d’au minimum 72 mètres parcourus à l’aveugle !), 74 % des Français utilisent leur smartphone au volant et 46 % continuent à conduire alors qu’ils se sentent très fatigués… Edifiant ! Alors à la veille d'un long week-end, qu'il y ait ou non des travaux sur son trajet, c'est bien la vigilance qui doit être de mise pour être sûr de faire bonne route.
(Editorial publié dans La Dépêche du Mii du mercredi 25 mai 2022)