Photo DDM Laurent Dard |
Qu’il semble loin le temps où, au lancement de la campagne de vaccination contre le Covid-19, fin 2020, le gouvernement se retrouvait face à un mur de défiance de la part des Français. Pourtant patrie de Pasteur, le pays s’affichait alors comme l’un des plus rétifs aux vaccins. Pour passer de la défiance à la confiance, il a fallu déployer des trésors de pédagogie et de patience face à la minorité aussi organisée que très bruyante des opposants, ces antivax dont une partie versait dans les thèses complotistes les plus folles et criait rien moins qu’à la « dictature sanitaire » quand il s’agissait simplement de faire acte de solidarité. Pour rassurer, le gouvernement avait même missionné un collectif citoyen sur la vaccination…
Face aux doutes légitimes d’une partie de la population, Emmanuel Macron, Jean Castex et Olivier Véran côté politique, Jean-François Delfraissy, président du Conseil scientifique Covid-19, Alain Fischer, président du Conseil d’orientation de la stratégie vaccinale et l’écrasante majorité des spécialistes et médecins ont expliqué les avantages de ces vaccins, notamment ceux fonctionnant avec l’ARN messager, à savoir qu’ils évitent les formes graves de la maladie et concourent à l’immunité collective de la population. Des explications réitérées à chaque vague, à chaque variant de Delta à Omicron…
Après des débuts chaotiques par rapport à certains de nos voisins européens, l’arrivée des doses au compte-goutte et la difficulté à prendre des rendez-vous, la campagne vaccinale française est montée en puissance – notamment grâce aux vaccinodromes puis aux décisions d’Emmanuel Macron durcissant les conditions d’obtention du pass sanitaire – et a largement convaincu les Français. Elle a aussi montré le rôle important des collectivités, de la médecine de ville et des start-up de la santé. Au final, avec un taux de couverture vaccinale actuel de 80,6 % de Français ayant reçu au moins une dose de vaccin, et 79,3 % toutes les doses requises, la France se classe dans le top 10 des meilleurs élèves.
L’engouement actuel pour recevoir la seconde dose de rappel (la 4e dose au total) est la confirmation que la stratégie française, aussi critiquable soit-elle sur certains aspects, a été la bonne, même s’il reste encore 19 % de la population non-vaccinée. Plus largement, c’est bien la stratégie européenne, entre restrictions sanitaires et mutualisation des achats de vaccins, qui s’est avérée pertinente.
De quoi rasséréner les gouvernements des pays de l’Union européenne qui, tous, depuis l’émergence de l’épidémie, ont essuyé des critiques virulentes d’une partie de leurs populations qui citaient en exemple, entre autres, la stratégie « zéro Covid » des pays asiatiques. Aujourd’hui, ces pays – dont la Chine qui affronte sa pire flambée épidémique depuis le printemps 2020 – restent arc-boutés sur cette stratégie aux conséquences liberticides, dont l’Organisation mondiale de Santé vient de dire qu’elle « n’est pas soutenable ».
En s’adaptant sans cesse, en coopérant, en faisant œuvre de pédagogie, de transparence et de résilience, les pays occidentaux ont réussi à contrôler cette épidémie. Une leçon pour l’avenir.
(Editorial publié dans La Dépêche du Midi du vendredi 13 mai 2022)