Comment déclencher la prise de conscience des conséquences du réchauffement climatique ? Les rapports du Giec, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, se succèdent depuis 20 ans, toujours plus alarmants… mais trop souvent encore ignorés ou minimisés par les décideurs et une bonne part de l’opinion publique. La jeunesse se mobilise depuis plusieurs mois, défilant au gré des Marches pour le climat, faisant de Greta Thunberg sa porte-parole… mais elle reste, là encore, insuffisamment écoutée. Presque 200 Etats se sont engagés en 2015 à Paris à réduire, entre autres, leurs émissions de CO2 pour empêcher une hausse globale de la température de la Terre, lors de l’historique Cop21 organisée par la France… mais la mise en œuvre concrète peine toujours à se mettre en place ou reste à tout le moins insuffisante. Les initiatives locales se multiplient pour mobiliser les bonnes volontés autant que les solutions innovantes pour l’indispensable transition écologique – le Fourum Le Monde nouveau organisé récemment à Montpellier par le Groupe La Dépêche est en la parfaite illustration –… mais il manque encore une dynamique d’entraînement massive de la société.
Ce qui pourrait faire bouger l’opinion c’est tout simplement ce qu’elle peut concrètement voir des effets du changement climatique sur son quotidien. La multiplication des catastrophes climatiques ces derniers mois permet déjà de mesurer l’ampleur des changements : méga feux en Grèce, en Californie en Sibérie où l’on constate la fonte du permafrost ; canicules et sécheresses plus fréquentes et plus intenses ; inondations d’ampleur en Allemagne, en Belgique ou phénomènes cévenols violents en France ; tempête de sable en Chine ; apparition de zones invivables pour l’Homme, au Pakistan ou aux Émirats arabes unis. Cette succession de drames qui font de nombreuses victimes et des réfugiés climatiques bousculent les consciences.
Mais il y a aussi les changements à petit feu, ceux qui se font lentement, mois après mois, année après année sans provoquer de catastrophes. La fonte des glaciers en est l’illustration. Des Pyrénées aux Alpes, les paysages deviennent méconnaissables. Les glaciers des Pyrénées, les plus méridionaux d’Europe se réduisent comme peau de chagrin. Et que dire de la célèbre mer de glace près de Chamonix. Le plus grand glacier français est à l’agonie : depuis les années 90, la mer de glace a perdu… 100 mètres d’épaisseur ! Les scientifiques pronostiquent sa disparition d’ici 2050 ou 2070. Autant dire demain. C’est donc bien tout un monde de paysages et de souvenirs qui disparaît. Il en reste d’autres qui sont eux aussi menacés mais qui peuvent encore être préservés. Cela ne dépend que de nous.
(Editorial publié dans La Dépêche du Midi du samedi 16 octobre 2021)