En apprenant hier que les autorités allemandes avaient déjoué un attentat à « la bombe biologique » à la suite de l'interpellation récente d'un Tunisien – un projet sans précédent en Allemagne – c'est un sentiment d'effroi qui nous étreint. Parce que l'Allemagne est bien sûr notre alliée et notre plus proche partenaire en Europe. Parce que la France et l'Allemagne, comme tant d'autres pays en Europe et ailleurs, restent la cible, sur leur sol, d'organisations terroristes au premier rang desquelles Daech. Parce qu'enfin nos deux pays, depuis la Première guerre mondiale et ses sinistres gaz «moutarde» qui ont tué ou brisé tant de Poilus, savent peut-être mieux que d'autres sur le Vieux continent les ravages que font sur les peuples et les hommes, dans les corps et les esprits l'utilisation des armes chimiques.
L'effroi est d'autant plus vif que la menace chimique, biologique, radiologique ou bactériologique est la plus terrible qui soit. Face à une fusillade, une explosion, on peut toujours espérer fuir devant la menace visible, sonore et en tout cas identifiable. Mais face à un gaz, à un virus aussi invisible que meurtrier ? Nous nous sentons désemparés.
Le terrorisme chimique n'est pourtant pas nouveau. En 1995, la secte Aum perpétrait des attaques au gaz sarin dans le métro de Tokyo, tuant douze personnes et en blessant près d'un millier dont cinquante grièvement. Ce même gaz sarin fut utilisé plus tard pour des attentats pendant la guerre en Irak en 2004 et plus récemment en Syrie.
Aujourd'hui, le bioterrorisme prend une autre dimension en tentant de s'inscrire dans le terrorisme low cost prôné par Daech. Après les attentats de grande ampleur, longuement préparés pendant des mois comme ceux du World Trade Center le 11 septembre 2001 à New York, ou ceux du Bataclan le 13 novembre 2015 à Paris, on est passé à des attentats plus rudimentaires réalisés par de petites équipes voire des personnes isolées et parfois inconnues des services de renseignement. Les attaques à la voiture ou au camion bélier, au couteau, au cutter se sont, hélas, multipliées ces derniers mois. Toutefois passer au terrorisme chimique apparaît bien plus compliqué en raison d'un certain nombre de barrières logistiques et techniques très difficiles à franchir, notamment pour militariser un gaz chimique ou un agent biologique, c'est-à-dire le coupler à un système de dissémination.
Depuis l'attaque au Japon, la France comme d'autres pays se sont en tout cas préparés à l'éventualité de telles attaques. Le plan Vigipirate comporte ainsi des volets Piratox, Piratom, Biotox et des exercices de simulation sont régulièrement organisés (dans le métro ou dans des stades) pour que les secours et le grand public acquièrent les bons gestes. D'un autre côté, les services de renseignements tracent autant que possible les circuits d'approvisionnement. Enfin, la science développe de nouveaux outils pour détecter les menaces et mettre au point des antidotes. Autant d'actions qui incitent à garder notre sang-froid. Car la pire caractéristique du terrorisme biochimique est bien la panique qu'il veut installer dans les consciences.
(Editorial publié dans La Dépêche du 21 juin 2018)
L'effroi est d'autant plus vif que la menace chimique, biologique, radiologique ou bactériologique est la plus terrible qui soit. Face à une fusillade, une explosion, on peut toujours espérer fuir devant la menace visible, sonore et en tout cas identifiable. Mais face à un gaz, à un virus aussi invisible que meurtrier ? Nous nous sentons désemparés.
Le terrorisme chimique n'est pourtant pas nouveau. En 1995, la secte Aum perpétrait des attaques au gaz sarin dans le métro de Tokyo, tuant douze personnes et en blessant près d'un millier dont cinquante grièvement. Ce même gaz sarin fut utilisé plus tard pour des attentats pendant la guerre en Irak en 2004 et plus récemment en Syrie.
Aujourd'hui, le bioterrorisme prend une autre dimension en tentant de s'inscrire dans le terrorisme low cost prôné par Daech. Après les attentats de grande ampleur, longuement préparés pendant des mois comme ceux du World Trade Center le 11 septembre 2001 à New York, ou ceux du Bataclan le 13 novembre 2015 à Paris, on est passé à des attentats plus rudimentaires réalisés par de petites équipes voire des personnes isolées et parfois inconnues des services de renseignement. Les attaques à la voiture ou au camion bélier, au couteau, au cutter se sont, hélas, multipliées ces derniers mois. Toutefois passer au terrorisme chimique apparaît bien plus compliqué en raison d'un certain nombre de barrières logistiques et techniques très difficiles à franchir, notamment pour militariser un gaz chimique ou un agent biologique, c'est-à-dire le coupler à un système de dissémination.
Depuis l'attaque au Japon, la France comme d'autres pays se sont en tout cas préparés à l'éventualité de telles attaques. Le plan Vigipirate comporte ainsi des volets Piratox, Piratom, Biotox et des exercices de simulation sont régulièrement organisés (dans le métro ou dans des stades) pour que les secours et le grand public acquièrent les bons gestes. D'un autre côté, les services de renseignements tracent autant que possible les circuits d'approvisionnement. Enfin, la science développe de nouveaux outils pour détecter les menaces et mettre au point des antidotes. Autant d'actions qui incitent à garder notre sang-froid. Car la pire caractéristique du terrorisme biochimique est bien la panique qu'il veut installer dans les consciences.
(Editorial publié dans La Dépêche du 21 juin 2018)