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Articles

Affichage des articles du juin, 2025

La messe est dite ?

    L’entourage de François Bayrou a beau tenter d’expliquer que l’échec du conclave sur les retraites n’est imputable qu’aux seuls partenaires sociaux qui n’ont pas réussi à s’entendre en quatre mois pour « améliorer » la contestée réforme des retraites de 2023, la ficelle est un peu grosse. Car, bien évidemment, cet échec – hélas attendu – est aussi celui du Premier ministre. D’abord parce que c’est lui qui a imaginé et convoqué cette instance inédite de dialogue social et qu’il aurait naturellement revendiqué comme le succès de sa méthode un accord s’il y en avait eu un. Ensuite parce qu’il n’a pas été l’observateur neutre des discussions, qu’il promettait « sans totem ni tabou ». Il a au contraire, plusieurs fois, interféré : dès leur lancement en les corsetant par une lettre de cadrage imposant de ne pas créer de dépenses et d’équilibrer les comptes à l’horizon 2030 ; ensuite par son refus de voir abordé l’âge de départ à 64 ans, point centra...

Le retour des faucons

      Depuis plusieurs semaines, Donald Trump, dont la susceptibilité à fleur de peau est bien connue, supportait de moins en moins d’être qualifié par ses adversaires et les milieux financiers de TACO, Trump Always Chickens Out , c’est-à-dire Trump se dégonfle toujours . Un surnom né des volte-face du président américain sur les surtaxes douanières, sans cesse annoncées puis suspendues, mais aussi sur sa relation avec Vladimir Poutine avec lequel il a assuré plusieurs fois obtenir des avancées sur un cessez-le-feu en Ukraine « dans deux semaines » sans que jamais le maître du Kremlin ne bouge d’un pouce en ce sens. « Deux semaines » c’était justement le délai que Donald Trump avait fixé à l’Iran, menaçant de frapper le régime des mollahs s’il ne revenait pas à la table des négociations – qu’il n’avait factuellement jamais quittée. Mais il n’aura fallu que 48 heures pour que Donald Trump prenne sa décision à la surprise générale et, cette foi...

Le grand blues

    On se rappelle qu’avec l’épidémie de Covid-19, on avait assisté à une grande démission – le quiet quitting venu de États-Unis. Confinés et parfois mis au chômage technique, nombre de citoyens, partout dans le monde et y compris en France, se sont interrogés sur le sens de leur travail et de leur vie, certains décidant alors de tout plaquer pour faire autre chose. Ces démissions-là, faites par démotivation ou par usure, existent pourtant depuis longtemps dans le monde du travail et touchent tous les domaines et toutes les couches de la société. Les forces de l’ordre n’y échappent évidemment pas. Mais le phénomène a pris une ampleur inédite. En 2022, la gendarmerie nationale enregistrait une augmentation notable des départs hors retraite : un chiffre record de 15 000 départs, incluant départs définitifs et changements de corps. En 2023, la Cour des comptes soulignait une hausse de 34 % en quatre ans. Les départs anticipés touchent surtout les plus jeunes, tra...

Coupable déni

  À partir de combien de morts – évitables – une réponse adéquate est-elle mise en place par les pouvoirs publics pour dire stop ? Cette question, brutale, est à la mesure du scandale Takata, après que les airbags défaillants de ce fabricant japonais ont fait une deuxième victime avérée en France, une femme de 37 ans, dans un accident sur l’autoroute le 11 juin à Reims. L’explosion de l’airbag de sa Citroën C3 de 2014 a provoqué « de très graves blessures » ayant entraîné sa mort. Il a donc fallu attendre six jours pour que le ministre des Transports demande l’immobilisation de toutes les Citroën C3 et DS3 nécessitant un changement d’airbags. Jusqu’à présent, certains conducteurs – 150 modèles fabriqués par 30 marques différentes sont concernés – avaient été invités à faire remplacer leurs airbags… mais pas à ne plus utiliser leurs véhicules. Ubuesque et révoltant ! Car on ne découvre pas l’ampleur du scandale Takata aujourd’hui ; il remonte même à qui...

Rêve et réalité

Personne ne sait comment le conflit qui s’est ouvert entre Israël et l’Iran, avec les frappes massives et historiques du premier sur le second le 13 juin denier, se terminera. Personne ne sait pour l’heure quelles conséquences économiques et géopolitiques pourraient provoquer à court et moyen termes un tel conflit s’il était amené à durer et à s’étendre. Personne ne sait si le peuple iranien pourrait ou non se soulever contre l’implacable régime des mollahs comme l’exhorte à le faire Benjamin Netanyahu. Et, surtout, personne ne sait ce que va faire réellement Donald Trump vers lequel tous les regards se tournent. Même s’il en a été informé, le président américain a, d’évidence, été pris de court par la spectaculaire offensive israélienne contre l’Iran, qu’il n’a pu différer alors que des négociations sur le nucléaire iranien se déroulaient sous la houlette – et la pression croissante – des États-Unis. Avec l’offensive de Benjamin Netanyahu, Donald Trump se voit surtout contraint de...

Multiples défis

    Le salon du Bourget s’ouvre ce lundi dans un contexte tragique avec le crash du Boeing 787 Dreamliner d’Air India, qui a coûté la vie à 247 personnes. Cette catastrophe aérienne impacte directement le salon puisque le PDG de Boeing, Kelly Orberg, et la directrice de Boeing Commercial Airplanes, Stephanie Pope, ont décidé d’annuler leur venue. GE Aeroposace, dont les moteurs équipaient l’avion d’Air India, a décidé de réduire ses activités. Pour Boeing, qui a connu une chute en Bourse après le crash, le coup est évidemment rude. Depuis la crise survenue en 2019-2020 lorsque ses 737 Max étaient restés vingt mois cloués au sol après les accidents d’avions des compagnies Ethiopian Airlines et Lion Air – 346 victimes au total – l’avionneur américain n’en finit plus de cumuler les déboires et semble incapable de se raccrocher à la résilience qui a caractérisé le secteur aérien ces dernières années. L’aéronautique mondiale a subi et subit toujours de multiples pressions, mais con...

Retraites : sortir de l'impasse

    La semaine prochaine va s’achever le conclave sur les retraites, lancé début 2025 par François Bayrou pour améliorer la contestée réforme Borne de 2023 qui a repoussé l’âge légal de départ à 64 ans. Le Premier ministre, très critique sur la façon dont a été adoptée par 49.3 cette réforme, imaginait sans doute voir sortir du conclave la fumée blanche d’un accord à même d’apaiser ce débat éruptif qui occupe perpétuellement les débats politiques au détriment de bien d’autres sujets. Las ! On en est loin. Entre une lettre de cadrage de Matignon imposant aux partenaires sociaux un retour à l’équilibre des comptes d’ici 2030 et un « non » catégorique de François Bayrou lui-même à tout débat sur l’âge, le conclave a perdu en route FO, la CGT et l’U2P. Et la semaine dernière, les fuites du rapport 2025 du Conseil d’orientation des retraites (COR), présidé par le très macroniste Gilbert Cette, proposant un recul à 66,5 ans en 2070 a semé un peu plus le trouble chez l...

Enfance en danger

  L’affaire de pédocriminalité qui secoue le village de Sérignac-sur-Garonne est glaçante. L’information judiciaire ouverte contre l’ancien mari d’une assistante maternelle pour des faits de viols, agressions sexuelles et exhibition sur une douzaine d’enfants de moins de trois ans, dont cette dernière avait la garde, suscite la stupeur et l’indignation de tout un village et bien au-delà. Elle provoque aussi la détresse de parents étreints d’un terrible sentiment de culpabilité ; et la colère que ces faits aient pu se produire et perdurer alors que des signaux auraient pu alerter les autorités, notamment lors d’une première plainte à l’été 2024. Cela soulève dès lors des questions sur de possibles défaillances administratives puisque l’agrément de l’assistante maternelle avait été suspendu en janvier dernier par les services de la protection maternelle infantile (PMI) du conseil départemental du Lot-et-Garonne… avant de lui être à nouveau accordé. Cette affaire de pédocriminalité in...

Protéger et former

  Il n’y a plus d’espace sûr. Ni dans nos messageries, ni dans les applications de nos téléphones, ni même dans l’ombre rassurante de nos comptes bancaires. En 2023, plus de 104 000 plaintes pour escroqueries en ligne ont été enregistrées par la plateforme Thésée. Les faux conseillers bancaires – ces imposteurs qui usurpent la voix de votre vrai conseiller, un numéro, une posture d’autorité – ont détroussé en quelques clics des milliers de Français. Derrière des scénarios bien huilés, des centres d’appels criminels s’activent, des identités sont piratées, des voix synthétiques créées, des SMS vous piègent en vous parlant de colis à récupérer ou de carte vitale à renouveler. La technologie censée nous faciliter la vie est devenue leur alliée, notre quotidien leur champ de bataille. Ces cyberarnaques sont devenues une économie du crime, industrialisée, professionnalisée, globalisée. En cinq ans, les atteintes numériques ont augmenté de 40 % en France. Chaque jour, 750 signalements so...

Sortir des postures

Le cortège d’une manifestation ou un rassemblement pour fêter la victoire d’un club sportif qui se terminent par des émeutes, des dégradations de mobilier urbain et de vitrines de magasins, parfois pillés, et des attaques violentes des forces de l’ordre par des hordes encagoulées dans un brouillard de gaz lacrymogènes… Les Français se sont malheureusement habitués à ces scènes-là depuis plusieurs décennies. Comme ils se sont aussi habitués aux polémiques politiciennes qui s’ensuivent, mêlant instrumentalisation démagogique, règlement de comptes politiques et critiques d’une justice supposément laxiste. Le dernier épisode en date, qui s’est produit samedi soir à Paris à l’occasion de la victoire du PSG face à l’Inter Milan en finale de la Ligue des champions, ne fait, hélas pas exception à la règle. Au bilan édifiant – deux morts, des dizaines de blessés, plus de 600 interpellations, des rues et magasins saccagés – s’ajoutent désormais les passes d’armes politiques. Entre l’opposition e...

Se tenir prêt

  Le Covid sera-t-il l’invité surprise de cet été ? Près de cinq ans après le début de cette pandémie, inédite à l’ère moderne, qui avait mis à genoux l’économie mondiale et durement éprouvé l’humanité, le surgissement d’un nouveau variant, baptisé NB.1.8.1 inquiète. Sous-lignage d’Omicron, il est classé « sous surveillance » par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) depuis le 23 mai et a déjà provoqué une flambée épidémique en Asie, particulièrement à Hong Kong, Taïwan et Singapour, où il est responsable d’une hausse marquée des cas, des hospitalisations et des décès. En Asie, il est devenu dominant dans certaines régions et continue de progresser, notamment en Chine. En Europe, sa présence reste limitée mais en augmentation, et en France, une douzaine de cas ont été détectés depuis fin avril 2025, principalement en Auvergne-Rhône-Alpes et en Nouvelle-Aquitaine. Pour l’heure, pas d’affolement mais une surveillance exigeante car la couverture vaccinale en France est jugée insuf...