La guerre en Ukraine ou le poids de l’inflation qui pèse sur le pouvoir d’achat des Français nous ont – presque – fait oublier combien notre pays restait sous la menace du terrorisme islamiste. Frappé en 2012 avec les attentats de Toulouse et de Montauban, puis en 2015 avec l’attaque contre Charlie Hebdo, l’Hyper Cacher et le Bataclan, et Nice en 2016, la France a payé un très lourd tribut ces dernières années. Elle reste toujours l’un des pays les plus menacés par le jihadisme comme vient de le montrer le dernier numéro du « magazine » de propagande d’Al Qaïda dans la péninsule arabique (AQPA), « Sada al-Malahim ».
Repéré par Le Figaro mi-septembre, celui-ci contient un texte violent qui promet de frapper un « ministère » à Paris et de détruire une « ambassade suédoise ». « Il est désormais clairement apparent que la Suède a choisi de prendre la tête dans la guerre contre l’islam et les musulmans parmi les pays de l’Union européenne, rivalisant ainsi avec la France, le Danemark et d’autres pour la première place dans la course à l’opposition à Dieu et à son messager », écrit l’organe de propagande. Illustré par un homme armé, cagoulé, posant devant une image de policiers français en pleurs, l’article demande de laisser « les enfants musulmans tranquilles », probable référence à l’interdiction de l’abaya à l’école.
La menace de cette organisation jusqu’ici concentrée sur le Yémen est prise d’autant plus au sérieux que c’est elle qui avait revendiqué l’attentat contre Charlie Hebdo. Elle illustre aussi combien la mouvance jihadiste internationale est en pleine recomposition, voire se renforce. La mort d’Oussama Ben Laden en 2011 puis la chute de Daech en 2019 avaient à chaque fois bousculé ces organisations, éclatées en de multiples entités avec des capacités opérationnelles amoindries. Mais selon le Centre d’Analyse du Terrorisme, Al Qaïda est désormais en train de reconstituer ses capacités de projection de menace exogène, en Afghanistan notamment, mais aussi dans la zone irako-syrienne et dans le Sahel où « l’épidémie » de coups d’État est l’occasion pour les jihadistes de pousser leur avantage face au chaos ambiant.
Ces nouvelles menaces des organisations terroristes s’ajoutent à celles d’individus isolés et radicalisés, très difficilement détectables car inconnu des services de police ou de renseignements, et qui ont jusqu’à présent perpétré sur notre sol de nombreux attentats ces dernières années. Depuis 2012, les attentats terroristes ont causé la mort de 271 personnes et fait près de 1200 blessés selon la DGSI. Début septembre, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin s’est donc, à raison, inquiété du retour de cette menace « projetée » d’attentats d’envergure très préparés.
Une menace islamiste à laquelle s’en ajoute une autre venue de l’extrême droite. Dans un récent bilan, Europol, la police européenne, soulignait que la moitié des projets d’attaques de l’ultradroite déjoués dans l’Union européenne en 2022 l’ont été en France.
Plus que jamais notre pays, qui va accueillir le monde pour les JO de Paris en 2024, doit être vigilant. Sur tous les fronts.
(Editorial publié dans La Dépêche du Midi du lundi 2 octobre 2023)